Renseignement britannique : "Nous avons le droit d'intercepter tout message sur Facebook ou Google"

Renseignement britannique : "Nous avons le droit d'intercepter tout message sur Facebook ou Google" Assigné en justice par des associations, le renseignement admet qu'il considère pouvoir espionner toutes les conversations sur les plateformes basées à l'étranger.

Charles Farr, Directeur général de l'Office for Security and Counter Terrorism britannique, vient de publier une déclaration qui ne devrait pas manquer de créer la polémique outre-manche. Assigné en justice par plusieurs associations, dont  Privacy International, Liberty, Amnesty International, ou encore the American Civil Liberties Union, les renseignements britanniques se sont vus contraints à des révélations sur leurs méthodes de surveillance. Pour la première fois, les instances gouvernementales s'expriment donc sur leur vision du cadre légal à ce sujet et sur le programme de surveillance massive baptisé "Tempora".

Communications externes interceptées sans mandat

Selon Charles Farr, l'interception indiscriminée par le gouvernement britannique de communications sur Facebook, Twitter ou Google, par exemple, est autorisée par la loi, car il s'agit de "communications externes", c'est à dire basées à l'étranger. De telles écoutes réalisées sur le sol britannique sont en effet interdites par la loi locale. Selon lui, les réseaux sociaux comme les services mails utilisant des plateformes Web sont en effet basées à l'étranger, pour la plupart aux Etats-Unis. Or, selon la loi de 2010, le Regulation of Investigatory Powers Act (RIPA), si les communications "internes" ne peuvent être interceptées qu'avec un mandat spécifique visant une personne suspectée d'activité illégale, les communications externes peuvent toutes être interceptées, même quand leurs auteurs ne sont suspectés d'aucun méfait.

"S'il subsistait encore un doute que les lois britanniques sur l'espionnage ont besoin d'être révisées en profondeur, il vient d'être levé, déclare Michael Bochenek directeur général du programme Droit international et stratégie politique d'Amnesty International. Définir l'utilisation de Google, Facebook, Twitter et d'autres sites de médias sociaux comme des "communications externes" prive ainsi les résidents britanniques de garanties essentielles."

"Pas d'intrusion active dans la vie privée"

Pire : le gouvernement assure qu'une telle interception des communications "a moins d'importance" que si quelqu'un lisait vraiment les conversations en question. A ce moment là seulement, le renseignement concède une "interférence avec la vie privée"; mais il ne s'agit pas selon d'une "intrusion active" puisque l'analyste qui lit les communications en question les oubliera par la suite...