Comment la révolution numérique a transformé Essilor

Comment la révolution numérique a transformé Essilor En amont de La Nuit du Directeur Digital organisée le 16 juin par CCM Benchmark Institut, retrouvez tous les jours le témoignage d'un CDO, parmi les plus innovants.

bernard duverneuil
Bernard Duverneuil © B. Duverneuil

Bernard Duverneuil, DSI Groupe d'Essilor et membre du comité exécutif, gère la stratégie numérique du leader mondial des verres ophtalmiques. De la personnalisation des verres aux lunettes à réalité augmentée en passant par le virage vers le marché BtoC, le numérique joue un rôle moteur dans l'innovation et la croissance de l'entreprise depuis plusieurs années. Son équipe est composée de 160 personnes, tandis que 1 300 personnes sont consacrées à l'IT dans le groupe.)

 

Sa définition de la transformation digitale

"C'est une évolution rapide de l'introduction de la dimension numérique dans l'ensemble des métiers et des entités de l'entreprise. Cette évolution touche les processus et les technologies utilisées. Elle fait apparaître de nouveaux modèles de business".

 

Produits

L'introduction du numérique dans les verres d'Essilor remonte à une dizaine d'années, date à laquelle le fabricant a innové avec le concept de verres personnalisés, fabriqués à la demande, grâce à la technique de surfaçage numérique. "Le calculateur de surface est devenu le cœur de réacteur de notre métier de designer optique. Il permet de dématérialiser le produit final, pièce unique qui sera réalisé par un laboratoire, sur place", explique Bernard Duverneuil, DSI Groupe d'Essilor. Aujourd'hui, des simulateurs de vision permettent, en outre, d'améliorer en amont les designs de verre.

L'étape suivante, ce sont, bien sûr, les lunettes connectées. "Nous menons des travaux de R&D depuis 10 ou 15 ans sur ce que nous appelions hier lunettes informatives, en partenariat avec différents labos et avec l'Institut de la Vision. Nos travaux portent sur des dispositifs de projection dans le verre pour l'aide à la vision des personnes souffrant de basse vision", poursuit Bernard Duverneuil. Un modèle de lunettes à réalité augmentée pourrait être mis sur le marché dès 2016.

Clients

Jusqu'alors concentré sur le marché btob (les opticiens), le fabricant a également lancé des initiatives btoc. Il investit dans les média pour assoir sa notoriété et renforce sa présence sur les réseaux sociaux pour se rapprocher des consommateurs. Surtout, il déploie une stratégie d'acquisition de sites marchands spécialisés dans l'optique, en vue de développer rapidement une activité de vente directe au consommateur, par Internet. Le rachat en avril 2014 de Coastal.com, leader du e-commerce de produits optiques canadien, illustre cette évolution du modèle de business et confirme l'ambition d'Essilor de devenir leader mondial des ventes en ligne de produits d'optique en 2018.

Vis-à-vis de ses quelque 500 000 clients opticiens (btob), qui demeurent son cœur de cible, Essilor adopte une démarche d'accompagnement pour les aider à accomplir leur propre transformation numérique. Dès 2000, les opticiens ont été encouragés à passer leurs commandes via le web, le fabricant assurant la logistique et fournissant des services de suivi. Aujourd'hui, c'est un service de plateforme de vente en ligne en marque blanche que le fabricant s'apprête à proposer aux opticiens des marchés canadien et latino-américain pour les aider à se lancer dans l'e-commerce. "Nous hébergeons et gérons la plateforme pour les opticiens mais les boutiques en ligne seront sous leur propre marque", précise Bernard Duverneuil.

Ecosystème numérique

Depuis toujours, l'innovation occupe une place prioritaire dans la stratégie d'Essilor. Pour améliorer encore sa capacité à innover, un comité interne réunissant la Direction Générale, la Direction de la Stratégie, la DSI Groupe et la Direction de la R&D a récemment été créé pour constituer et suivre un portefeuille de technologies et les sociétés innovantes qui les portent, en vue de développer des collaborations sur des projets d'innovation, voire de prendre des participations. Le point commun entre ces technologies, ce sont les perspectives qu'elles offrent en matière d'amélioration de la vision. La plupart évoluent dans le secteur numérique, dans les domaines de la réalité virtuelle, la réalité augmentée, les lunettes connectées, etc.

Autre initiative qui illustre la manière dont Essilor utilise le digital pour se rapprocher des consommateurs : le fabricant lance un hackathon, du 26 au 28 juin prochain. Baptisé Hack & See, l'événement va réunir des développeurs, designers et professionnels du marketing pour "réinventer le quotidien des porteurs ou futurs porteurs de lunettes".

Back end

Chez Essilor, la chaîne logistique est la colonne vertébrale de l'activité. " Ce que nous gérons, c'est la capacité à livrer en temps et en heure, chaque année, plus de 500 millions de produits uniques réalisés dans l'un de nos 500 laboratoires, à nos clients opticiens, voire au consommateur ", explique Bernard Duverneuil. Les données produites tout au long de cette chaîne, de la commande à la livraison, ont servi à l'optimiser et à fournir le meilleur service.

Demain, l'idée est d'utiliser ces données autrement, notamment les données de commande : "les faire chanter", comme l'explique Bernard Duverneuil, pour permettre un pilotage de l'activité en temps réel, sur le plan financier comme sur le plan marketing. "Nous réfléchissons à des systèmes big data qui nous permettraient d'analyser les données de commande pour détecter des tendances en amont et piloter l'activité de manière plus précise et réactive", ajoute-t-il.

Interne / RH / Formation

Depuis 2012, 27 000 collaborateurs d'Essilor utilisent quotidiennement la panoplie des outils Google – Google Apps, Gmail, messagerie instantanée, intranet et réseau social. Cela, à partir de tous types de terminaux y compris les équipements personnels. En revanche, pour les applications métier, le PC Essilor sécurisé reste de rigueur. Les populations nomades sont, quant à elles, équipées d'iPad et d'outils dédiés.
Côté formation, Bernard Duverneuil travaille avec la DRH sur la mise en place d'un programme de formation au numérique destinés aux managers ainsi que sur un programme spécifique pour les membres du Comex.

Evolution du SI

"Notre SI est géré par domaines, Finance, Clients, etc. Nous n'imaginons ni un SI scindé en deux ni un SI à deux vitesses. L'opportunité de développer en mode agile et sur des technologies modernes dépend des projets et peut se présenter pour chaque domaine". Pour Bernard Duverneuil, la transformation du SI porte en réalité sur la montée en compétences des équipes sur ces méthodes et technologiques nouvelles pour être en mesure de mener ou piloter des réalisations numériques. A commencer par les architectes qui doivent connaître les deux environnements pour s'assurer que les projets "rapides" s'intègrent de manière cohérente et sécurisée à l'ensemble du système.
En parallèle, une Coordination digitale dont la vocation est de capter les tendances, d'anticiper l'impact des évolutions technologiques et de dégager les opportunités pour le métier a été créée en 2012. Animée par Bernard Duverneuil et trois personnes de la DSI, cette cellule se consacre à la veille et à l'échange, en mode réseau, avec l'ensemble des métiers de l'entreprise ainsi qu'avec des réseaux externes.

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