Comment la révolution numérique a transformé Solvay
Fernando Birman, est Head of the Digital & Collaboration Office de Solvay. Directement rattaché à la DSI, son périmètre d'action est global mais sans rôle opérationnel. Il gère une équipe de 7 personnes, pour un budget de plusieurs centaines de milliers d'euros. Ses axes de travail prioritaires portent sur l'acculturation du Groupe au numérique, sur la sensibilisation des métiers aux apports business du numérique et sur l'amélioration du travail collaboratif.
Votre définition de la transformation digitale ?
"La transformation digitale, c'est créer un état d'esprit numérique au sein de l'entreprise. Cela signifie améliorer notre utilisation des outils numériques collaboratifs pour travailler plus intelligemment ensemble. C'est aussi partager largement la connaissance autour des sujets du numérique de telle sorte que chacun soit en mesure, à son niveau et selon son domaine, d'identifier les opportunités de création de valeur grâce au numérique, et, qui sait, de créer un jour l'innovation de rupture...".
Produits
A l'instar d'autres industriels de ce secteur, Solvay pratique la co-création et l'innovation ouverte depuis longtemps pour la conception de ses produits chimiques. L'entreprise a d'ailleurs créé un fonds de capital investissement d'entreprise destiné à soutenir les startups de ce secteur. Si l'introduction d'une part plus importante de numérique dans la chaîne produits est un objectif stratégique de Digital Office, cette ambition reste une visée à long terme compte tenu de la complexité de la chaîne.
Clients
Pour améliorer l'expérience du client, se rapprocher de lui et lui fournir des services inédits, Solvay a lancé un certain nombre de projets digitaux dont une nouvelle plateforme CRM, de nouveaux sites Internet et la refonte de ses systèmes d'e-business. La cellule Digital Office est associée à ces initiatives. Son rôle est de promouvoir les technologies les plus avancées pour chacun des domaines.
Back end
La question de l'analyse de l'énorme quantité de données produites par les capteurs qui fourmillent dans les usines préoccupe l'industriel. Comment transformer ces données en valeur ? La réflexion est lancée. La cellule Digital Office encourage les entités à lancer les premiers démonstrateurs autour du big data (POC, Proof of concept) tout en les éclairant sur les enjeux et les conditions à respecter en matière de sécurité, de confidentialité et de respect de la vie privée.
Au-delà du sujet big data, Fernando Birman estime que la transformation est inéluctable et qu'elle peut être imposée par l'environnement. "Nos fournisseurs pourraient nous demander, demain, d'imprimer nous-mêmes les pièces que nous leur aurons commandées à partir de fichiers numériques. Nous devons nous préparer à ces évolutions en nous appropriant ces technologies innovantes et en développant des compétences", souligne-t-il. D'où l'accent mis sur l'expérimentation, dans une approche fail fast, de technologies innovantes telles que l'impression 3D, les drones et la réalité augmentée, qui présentent un intérêt potentiel en milieu industriel.
Interne/RH/Formation
Améliorer le travail collaboratif est un axe prioritaire de la cellule Digital & Collaboration Office. Un programme de coaching individuel des utilisateurs, qui va bien au-delà de la formation à l'utilisation des outils, est prévu pour les aider à travailler de manière plus collaborative. Un premier pilote auprès d'une centaine d'utilisateur a permis de calibrer le besoin et le niveau d'intervention. L'équipe se prépare à industrialiser la démarche pour la généraliser au niveau du Groupe. En parallèle, des guides de bonnes pratiques sont diffusés, visant à réduire le temps passé sur l'email et à développer l'utilisation du réseau social Jive et des outils Google Apps et de communication instantanée.
Au-delà de ces initiatives en faveur du travail collaboratif, Fernando Birman s'est fixé une autre priorité : celle d'évangéliser autour du numérique pour stimuler l'éclosion d'un "état d'esprit numérique". "Les métiers doivent s'emparer du numérique pour détecter eux-mêmes les opportunités de création de valeur", affirme-t-il. Un cycle de séminaires, appelé "Solvay à l'heure du numérique" a été initié. Il vise à former une cinquantaine de collaborateurs en une journée, par le biais d'ateliers et de conférences. Des Mooc et/ou des retransmissions sur YouTube viendront compléter les rendez-vous présentiels pour atteindre un public plus large.
Ecosystème numérique
Contrairement au domaine de la chimie, la démarche de rapprochement avec les entreprises innovantes du numérique est plus récente. Elle se concrétise aujourd'hui notamment au travers du support de réseaux tels qu'Innocherche (réseau de veille sur le numérique) dont Solvay est un membre sponsor.
Evolution du SI
L'arrivée du digital dans l'entreprise n'a pas révolutionné la gouvernance du SI de Solvay même si des processus de développement à cycle court ont été introduits. En revanche, une cellule de sept personnes, appelée Digital & Collaboration Office et menée par Fernando Birman, a été formée mi-2014. Sa vocation est d'accélérer la transformation numérique du Groupe. "Digital & Collaboration Office n'a ni la vocation ni les ressources pour lancer et mettre en œuvre de vastes chantiers de transformation numérique. Son rôle consiste à insuffler l'esprit numérique dans l'entreprise et à montrer aux métiers ce que le numérique peut leur apporter", explique Fernando Birman.
Pour accomplir sa mission, la cellule s'est fixé trois priorités : stimuler le travail collaboratif en formant les utilisateurs aux nouveaux usages dans ce domaine ; développer des démonstrateurs (proof of concept) mettant en œuvre des technologies innovantes, pour aider les métiers à identifier les opportunités de création de valeur par le numérique ; enfin, contribuer à l'émergence d'un état d'esprit numérique dans l'entreprise.
A titre d'exemple, la cellule a récemment développé une application de pilotage d'activités utilisant Google Maps pour montrer l'apport de la géolocalisation dans ce domaine.