Roederer fait pétiller la création artistique sur le Web

Le nouveau site de la maison de champagne adopte une stratégie de communication online axée sur son activité de mécénat. Objectif : établir un parallèle entre la création artistique et celle du champagne.

Art, culture, poésie. Telle pourrait être la devise communicationnelle de Roederer sur le Web. La maison de champagnes (Louis Roederer, Cristal et Deutz), a lancé à la fin du mois de mars son nouveau site de marque, Louis-roederer.com. Il y fait la part belle à la création artistique en mettant en avant les activités de mécénat de l'entreprise rémoise.

Ce nouveau site s'inscrit dans une nouvelle stratégie de communication en ligne pour la marque. Objectif : sortir du seul discours monotone tenu par l'ensemble du secteur du champagne, consistant à mettre en avant l'histoire de la maison et l'excellence de ses vins. "Nous sommes passés d'un site institutionnel à un réel site de marque, porteur des valeurs de l'entreprise", explique Frédéric Rouzaud, président de Louis Roederer.

Depuis 2003, la maison finance des créations et expositions artistiques, dont la précédente vitrine Web ne tirait pas assez profit en termes de contenus. "Nous avons joué sur cette activité de mécène pour élaborer un discours différenciant pour la marque, en mettant en perspective la création artistique et la fabrication du champagne", indique Frédérik Legrand, directeur associé chez Duke, qui a conçu et réalisé le site.

L'activité de mécénat de la maison de champagne, occupe désormais la moitié des contenus de ce nouveau site. Ce dernier propose par exemple un aperçu ainsi qu'un making off vidéo du dernier coup de pouce artistique de Roederer, l'exposition Sophie Calle, "Prenez soin de vous" qui se tient à la Bibliothèque nationale de France depuis le 26 mars. L'autre moitié s'attache à décrire, étape par étape, la fabrication du champagne en l'assimilant à la recherche d'une œuvre.

Pour rester dans cette logique artistique, Roederer n'a pas souhaité intégrer de fonctionnalité e-commerce à son nouveau site. "La problématique de la maison n'était pas celle de la vente, mais de son image", rappelle Frédérik Legrand. De son côté, Frédéric Rouzaud précise que son site n'a pas vocation à vendre du champagne. "Nous ne voulons pas concurrencer notre réseau de distribution, ni dévaloriser nos vins", indique-t-il.

Le lancement de ce site intervient plus d'un mois après "l'affaire Heineken". Le brasseur, condamné en appel le 13 février dernier pour violation de la loi Evin avait malgré lui, mis un terme à l'incertitude juridique qui planait sur les opérations de communication des professionnels des vins et spiritueux sur Internet (lire Publicité, alcool et Internet : jeux interdits ?, du 27/03/08). Internet ne figurant pas dans la liste des médias autorisés à diffuser de la publicité pour de l'alcool, tout site de marque d'alcool peut désormais faire l'objet de poursuites.

Chez Duke, on préfère rappeler que le site est interdit aux mineurs, et que son orientation artistique ainsi que le positionnement haut de gamme de la marque la protègent suffisamment d'éventuelles poursuites. "Ce site n'incite pas à la consommation d'alcool, mais à l'excellence", estime le directeur associé de chez Duke.

Le président de Roederer ne dit pas autre chose. Il se montre d'ailleurs confiant quant à une évolution du statut du Web, qui pourrait être incarnée par une réforme de la loi Evin, proposée par plusieurs sénateurs (lire Trois sénateurs veulent autoriser la publicité pour l'alcool sur Internet, du 14/03/08). "Internet est un support de communication idéal pour faire vivre une expérience aux consommateurs car il n'est pas intrusif. Il y a par ailleurs trop d'enjeux autour de cette question pour que la situation ne puisse pas évoluer." En attendant, il espère quand même que son site ne sera pas la cible de poursuites.