Pourquoi Publicis aurait intérêt à racheter Criteo

Pourquoi Publicis aurait intérêt à racheter Criteo Le géant de la publicité envisagerait de mettre la main sur la pépite technologique. En termes de produit comme d'image, l'opération serait intéressante.

Publicis examinerait l'opportunité de lancer une OPA sur le spécialiste français du la publicité à la performance personnalisée, Criteo, selon le site Boursier.com qui se fait le relai d'une rumeur de marché. Faute d'avoir pu fusionner avec Omnicom, le groupe aurait redémarré il y a trois mois des négociations avec Criteo, amorcées avant même le projet de rapprochement avec son rival américain (et donc l'introduction en bourse de Criteo), précise les Echos. Celles-ci pourraient même se conclure dans les jours qui viennent et donner lieu à l'un des plus beaux mariages d'entreprise de ces dernières années. Avec d'un côté un géant de la publicité qui, fort de presque cent ans d'histoire, cumule aujourd'hui 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et plus de 62 000 collaborateurs répartis dans 108 pays. Et de l'autre, LA pépite technologique française qui connait une croissance exponentielle de ses revenus depuis quelques années.

Criteo : 444 millions de dollars de CA en 2013 (+60%)

Criteo a ainsi réalisé près de 444 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2013, soit une progression de 60% par rapport à l'année précédente. Introduite en fanfare sur le Nasdaq fin octobre 2013, l'action avait atteint un pic de près de 60 dollars courant mars dernier, avant de retomber en dessous de son cours d'introduction, la faute à un contexte publicitaire difficile. Revigorée par la rumeur de rachat par Publicis, l'action flambe à nouveau : elle gagnait 20,7% avant bourse. Pour une capitalisation boursière supérieure à 2 milliards de dollars, qui semble dans les cordes de Publicis.

Alors que les ambitions dans le digital de Maurice Levy ne sont plus à prouver, cette opération permettrait à Publicis de conforter considérablement son positionnement sur les nouvelles technologies, en mettant la main sur les nombreuses solutions propriétaires développées par Criteo en matière de collecte, segmentation et ciblage de la data. De quoi également lui permettre d'augmenter sensiblement la part du revenu qu'il effectue dans le digital (un peu moins de 40%). Un passage obligé pour venir jouer des coudes avec les Google, Facebook et consorts, que le groupe a désormais dans son viseur. 

Publicis + Criteo = un champion français dans la publicité sur Internet

Fort des acquisitions récentes du spécialiste de l'email retargeting Tedemis et du tracking mobile Ad-X, Criteo a de son côté su intelligemment combler ses lacunes. La société, qui revendique plus de 6 000 clients, annonce avoir contribué à plus de 6,5 milliards de dollars de ventes post-clic chez ses clients entre juin 2012 et juin 2013. Autant de transactions qui permettent à ses algorithmes d'optimisation des campagnes de s'affiner au fil du temps.
Côté image, l'opération serait sans pareil. Si Criteo est aujourd'hui une société globale, la société reste fortement ancrée dans l'Hexagone où elle a investi dans un siège de R&D ultra-moderne. De quoi redonner des couleurs au vernis "bleu-blanc-rouge" de Publicis qui s'est craquelé lors de son flirt passager avec le géant américain Omnicom.  

Mais une telle opération ne serait pas sans risque pour le groupe qui, comme le rappelle Natixis, "cesserait en partie d'être agnostique technologiquement". Bien sûr le groupe a pris l'habitude de cloisonner les activités de certaines de ses filiales concurrentes et a appris à gérer les situations ambivalentes. Mais ce serait sans doute un casse-tête en perspective pour sa filiale Vivaki qui utilise à ce jour les outils de Criteo bien sûr, mais également ceux de Google, Appnexus et d'autres concurrents. 

Criteo doit encore faire ses preuves sur mobile

D'autant que si "Criteo est pour le moment une offre de référence, il existe un risque qu'elle soit un jour dépassée", explique Natixis. Lancé en 2005, le Français a créé sa position de valeur à une époque où le Web fixe était roi. Il doit aujourd'hui s'adapter à la démocratisation des usages mobiles. Forcément un désavantage vis-à-vis de concurrents plus jeunes qui, à l'instar de TapValue, ont dès leur lancement imaginé leur offre dans un environnement multi-écran.