Et si cette start-up française détenait enfin la réponse aux ad-blockers ?

Et si cette start-up française détenait enfin la réponse aux ad-blockers ? SQweb veut permettre à ses utilisateurs, moyennant un abonnement mensuel, d'accéder à tous les sites partenaires sans publicité, sans avoir à recourir à Adblock. Un modèle qu'il lui sera toutefois difficile d'imposer.

Confronté à la démocratisation des ad-blockers, le monde de la publicité online est aujourd'hui tenaillé entre ceux qui paient AdBlock Plus pour que leurs publicités soient acceptées et ceux qui font en sorte de contourner cet ad-blocker. Les premiers sont accusés de céder au "racket" de l'éditeur allemand, les seconds de rompre la relation de confiance qui les lie à leurs internautes en forçant la diffusion de publicité.

La start-up française, SQWeb, ambitionne, elle, d'offrir une troisième alternative. Partant du constat que les revenus publicitaires du site qu'il éditait, Nonsurtaxe.com, ne cessaient de diminuer, la faute à ces ad-blockers, Thibaud de la Villarmois a voulu offrir un choix "honnête" à ses lecteurs : ré-afficher la publicité ou payer le juste prix pour le contenu. "L'affichage d'un simple pop-up pédagogique leur expliquant ces options a permis de faire passer de 25 à 20% le taux d'utilisation d'un ad-blocker sur mon site", explique-t-il. Une grande majorité des utilisateurs a en effet accepté de passer son site en liste blanche. Le reste a consenti à verser un abonnement. Dans les deux cas, Thibaud de la Villarmois a réussi à monétiser à nouveau tout un pan de son inventaire. Une initiative qu'il a voulu étendre au reste du Web. 

Un abonnement versé puis réparti équitablement aux sites partenaires qui n'afficheront plus de publicité

De là est né SQweb, solution qui veut permettre à ses utilisateurs, moyennant un abonnement mensuel, d'accéder à tous les sites partenaires sans publicité, sans avoir à recourir à Adblock. "Nous conseillerons à nos membres un prix d’abonnement fonction du nombre de sites qu'ils visitent et du temps qu'ils y passent mais chacun sera libre de payer en fonction de ses moyens", explique Thibaud de la Villarmois.

Ce dernier estime que la fourchette se situera au maximum entre 10 et 15 euros par mois, soit le coût d'abonnement à la version premium d'un site. La start-up se chargera de reverser les sommes ainsi récoltées aux sites partenaires, après prélévement de sa commission (de 15 à 20%). Si Thibaud de la Villarmois s'en tient pour l'instant au futur, c'est que la beta publique de son produit n'est sortie que le 1er juillet, de sorte que les discussions avec les éditeurs n'en sont qu'à leurs balbutiements. "Quant à la communication grand-public, elle est au point mort. Il est inutile de se lancer dans une campagne d'acquisition de membres tant que notre réseau d'éditeurs partenaires n'aura pas atteint une taille critique". 

Aujourd'hui SQWeb approche donc les éditeurs pour leur permettre de mesurer l’impact des ad-blockers et mettre au point un dispositif de communication auprès des utilisateurs qui y ont recours. Dans les filets du Français figurent pour l'instant le site "Economie Matin", des sites moins connus comme contacter.com ou jaimeattendre.com et un gros acteur polonais, Agora Media House. Thibaud de la Villarmois assure également que "des discussions ont été engagées avec des médias allemands beaucoup plus ouverts sur le sujet que leurs homologues français". Et de déplorer la relative frilosité de ces derniers. Il est vrai que la promesse de sa start-up est plutôt compliquée à matérialiser sur le papier. SQWeb veut ainsi répartir l'argent qu'il récoltera en fonction du temps passé sur chaque site, partant du constat que "plus on est engagé, plus on aime un site". Une initiative louable (qui devrait être d'ailleurs largement adoptée dans quelques années, c'est le sens de l'histoire) mais qui tranche avec les modèles de monétisation actuels.

L'équation économique du montant de l'abonnement choisi par l'utilsateur est-elle tenable ? 

Tout le casse-tête pour la start-up est de créer des ponts entre ce modèle au temps passé et celui du CPM (coût pour mille) qui fait aujourd'hui la loi. Un pont d'autant plus difficile à réaliser que de nombreuses initiatives passées ont montré que les modèles payants avaient du mal à s'imposer. D'autant plus quand qu'ils concernent des contenus accessibles gratuitement autrement. 

"Dans un premier temps, nous sollicitons les éditeurs pour savoir combien ils désirent gagner au CPM puis nous taguons leur site pour déterminer le nombre d'utilisateurs qui ont recours à un ad-blocker, pour estimer la perte sèche. Puis, dès qu'un utilisateur payant vient sur le site partenaire, SQWeb envoie une information au site pour qu'il ne charge pas les publicités", détaille Thibaud de la Villarmois. Le start-upper peut désormais bénéficier, dans son discours commercial, d'un argument de poids. Le lancement, courant septembre dernier, de Google Contributor, un programme qui permet à l'internaute de faire un don mensuel... et remplacer les publicités Google par un message de remerciement dans les sites partenaires. "Peu ou proue, c'est ce que nous proposons. Nous ne sommes plus le petit français, un peu fou, seul dans son coin." Google Contributor a ainsi "achevé d'asseoir la crédibilité de SQWeb", justifie Thibaud de la Villarmois. "L'initiative de Google est circonscrite aux AdSenses alors que nous espérons populariser la chose pour tous les formats publicitaires. Et puis les éditeurs et internautes ne donneront jamais leurs données à Google aussi facilement que ça."