Comment Vidcoin arrive à convaincre les mobinautes de regarder les pubs

Comment Vidcoin arrive à convaincre les mobinautes de regarder les pubs En proposant du contenu premium moyennant le visionnage d'un contenu de marque, la solution de vidéo publicitaire "in-app" du Français s'exporte avec succès outre-Atlantique.

Si des plateformes publicitaires comme Vungle et Adcolony ont longtemps régné en maître dans le secteur ultra-rentable du gaming outre-Atlantique, un "petit" Français (plus si petit que ça) commence progressivement à leur tailler quelques croupières. Son nom : Vidcoin.

Lancée en 2013 du côté de Lyon par Jérôme Vuillemot, la startup s'est spécialisée dans la publicité "vidéo in-app". A la faveur d'une levée de fonds réalisée en novembre 2014, la start-up aux 25 collaborateurs a déployé sa promesse du côté de New-York, y ouvrant un bureau aujourd'hui supervisé par son COO, Grant Gudgel.

La promesse de Vidcoin ? La même que chez ses concurrents: "Délivrer la bonne publicité vidéo au bon utilisateur au bon moment". Le procédé est, en revanche, tout autre. Pas de pré-roll avant une vidéo ou d'interstitiel qui s'impose entre deux pages.

Ici, l'utilisateur se voit proposer de visionner une publicité vidéo qui est placée en "pré-cache" pour éviter toute latence. Le visionnage permet à l'utilisateur d'accéder à du contenu in-app exclusive: une vie supplémentaire pour une application de  jeu ou l'écoute inédite d'un morceau pour une application de musique, par exemple.

La publicité diffusée est, elle, saupoudrée de la data que l'on retrouve sur toute plateforme programmatique : âge, sexe et comportement de navigation. La technologie de Vidcoin s'intègre aussi bien côté SSP, comme chez Rubicon, que côté DSP, comme chez Videology. L'éditeur peut vendre ces emplacements via des deals privés ou en allant chercher l'enchère la plus haute sur des open exchanges.

1,2 million d'euros de chiffre d'affaires en 2015

Vidcoin se rémunère quant à lui au pourcentage (environ 15%) des revenus générés grâce à elle. Un modus operandi qui lui a permis de dégager plus d'1,2 million d'euros de chiffre d'affaires en 2015, avec une croissance de 100% portée par l'international. Vidcoin y réalise désormais 70% de son chiffre d'affaires.

Côté annonceur, c'est l'assurance que ses publicités seront visionnées, l'utilisateur effectuant un "opt-in" pour y accéder. Pas de risque donc de dégrader sa marque en l'associant à une expérience utilisateur médiocre ou à une publicité trop intrusive.

Cette formule labellisée "value-exchange video" séduit aujourd'hui dans l'univers du gaming donc, mais également dans d'autres secteurs comme la musique. La solution de Vidcoin est déployée auprès de plus de 300 applications à ce jour. "Nous représentons entre 10 et 50% du chiffre d'affaires de la plupart de nos clients", chiffre Grant Gudgel.

La formule séduit les univers du gaming et de la musique. Et bientôt les médias ?

Il faut dire que l'offre de Vidcoin s'inscrit dans l'ère du temps, entre internautes excédés par le matraquage publicitaire et éditeurs qui peinent à imposer leur offre premium. "Nous leur offrons une autre alternative, à mi-chemin entre le premium et le gratuit", avance Grant Gudgel. Le dispositif joue même parfois le rôle d'incitateur. "2 à 3% des utilisateurs qui accèdent à du contenu premium grâce à notre outil souscrivent à l'offre payante par la suite".

Sans surprise, la dynamique intéresse aujourd'hui jusqu'aux éditeurs de presse. En témoigne l'exemple du Parisien qui vient tout récemment de lancer une application mobile faisant la part belle à la gamification de la consommation de l'information. "Nous sommes de plus en plus souvent contactés par des groupes médias", confirme Grant Gudgel. Pour cause, avec une audience mobile qui atteint le plus souvent les 50% de leur audience totale et un chiffre d'affaires mobile qui plafonne lui plutôt autour des 25%, le manque à gagner est important.

Leur audiences mobile, un peu plus jeune que sur le Web fixe et donc plus affinitaire avec la mécanique du gaming, justifie donc de telles tentatives, comme nous l'expliquait la directrice des activités digitales du Parisien, Julie Costes. Sans doute, beaucoup d'utilisateurs se laisseront-ils tenter par le visionnage d'une publicité pour accéder à un article long format.

Grant Gudgel en est lui convaincu, étude à l'appui. "84% des mobinautes sont prêts à accepter un deal 'vidéo pub contre contenu'", argue-t-il.

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