Freewheel France, ex StickyAds.tv, va fermer sa filiale R&D de Montpellier

Freewheel France, ex StickyAds.tv, va fermer sa filiale R&D de Montpellier Le spécialiste américain de la monétisation vidéo compte transférer les activités de recherche vers la Chine. A la clef, une procédure de licenciement collectif.

Le rachat en 2016 de StickyAds.tv par l'américain Freewheel fait partie des plus belles success stories de l'adtech française. Pour le montant de la transaction, qui avoisinait les 110 millions de dollars, comme pour l'identité de l'acquéreur, une filiale du groupe Comcast qui a pour clients des géants de l'audiovisuel comme ABC, AOL ou encore NBCUniversal. Mais la belle aventure finit en eau de boudin pour les trente salariés de la branche R&D de SickyAds.tv (depuis renommée Freewheel France).

Diane Yu, CTO et cofondatrice de Freewheel, leur a notifié le lancement d'une procédure de licenciement collectif le 4 octobre dernier. Parmi les motifs invoqués, un contexte économique rendu difficile par la fraude qui touche le marché adtech. Pour rappel, StickyAds.tv a développé une plateforme de commercialisation des inventaires vidéos en programmatique adoptée par des groupes comme TF1 ou M6. Autre argument brandi, la difficulté de l'équipe R&D de Montpellier à collaborer efficacement avec celle de sa maison-mère, basée en Chine.

Le dossier, qui sera déposé auprès de la Directte le 12 décembre prochain, devrait aboutir à la fermeture du bureau montpelliérain en 2019

"Diane Yu nous a expliqué que cette double implémentation ne nous permettait pas d'être assez réactifs et qu'il était donc nécessaire de centraliser la R&D au sein d'un même pôle", explique des salariés joints par le JDN. Plutôt surprenant de la part de celle qui, trois jours plus tôt, annonçait aux Echos qu'elle travaillait de manière beaucoup plus étroite avec sa branche française sur des offres communes. Le dossier, qui sera déposé auprès de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, du travail et de l'emploi (Directte) le 12 décembre prochain, devrait donc aboutir à la fermeture du bureau montpelliérain en 2019.

"Les négociations avec la direction sont aujourd'hui au point mort", déplore-t-on du côté de Montpellier. Les deux cofondateurs de StickyAds.tv, Hervé Brunet et Gilles Chetelat, ont d'ailleurs été informés de la décision en même temps que les salariés concernés. Le premier est aujourd'hui basé à New York où StickyAds.tv a implanté une filiale pour déployer sa solution sur le marché américain. Il est général manager markets chez Comcast. Le second est en charge du business development de l'activité internationale de Freewheel depuis Paris où est localisée l'activité commerciale en Europe. Cette dernière n'est pas concernée par le plan de licenciement.

Contacté par le JDN, le service de communication de Freewheel répond par mail qu'un plan de sauvegarde de l'emploi est actuellement à l'étude pour le site de Montpellier et mené dans le respect de la réglementation. "Nous travaillons en étroite concertation avec nos représentants du personnel afin de trouver les solutions permettant de sauver le maximum d'emplois et à encourager le reclassement des salariés impactés. Toutes nos équipes sont mobilisées pour cela. Le groupe poursuit la rationalisation de ses activités ingénierie avec comme objectif constant d'apporter une réponse dédiée et adaptée aux besoins de ses clients."

Quelques propositions de reclassement à New York auraient été formulées. Bien évidemment pas de quoi satisfaire des salariés qui dénoncent "l'accaparement d'une technologie, d'un savoir-faire, d'un portefeuille clients par une multinationale au détriment des employés français". Et d'ajouter : "sur chaque nouveau projet 2018, on nous demandait d'accueillir un ou deux collaborateurs de la branche chinoise quelques semaines. Officiellement pour les faire monter en compétence." Les équipes chinoises de Freewheel prendront en charge l'outil, développé et maintenu par les équipes françaises jusqu'à aujourd'hui, à partir de 2019.