Loïc Sfiligoi (Pubstack) "Nous notifions en l'espace de quelques minutes toute chute suspecte des CPM"

Le fondateur de Pubstack, solution de monitoring de l'activité publicitaire, a déjà séduit une quinzaine de régies éditeurs en France et compte rapidement se lancer à l'international.

JDN. Vous avez lancé Pubstack pour aider les éditeurs à mieux monétiser leur inventaire publicitaire. Comment vous y prenez-vous ?

Loïc Sfiligoi est le co-fondateur de Pubstack. © S. de P. Pubstack

Loïc Sfiligoi. Nous avons conçu une solution de monitoring qui permet à leur régie de collecter un maximum de données pour comprendre leur inventaire publicitaire online et optimiser leurs revenus. Ces données sont remontées en temps réel, de la manière la plus granulaire possible et en toute indépendance. Nous déposons un javascript sur la page de l'éditeur pour être capable d'écouter tout ce qui s'y passe. Les éditeurs sont de plus en plus nombreux à se mettre au header bidding client-side, cela nous permet donc de décrypter tous les mécanismes des enchères qui s'y opèrent. L'intégration de notre solution se fait en moins d'une heure.

Qu'est-ce qui vous différencie des nombreuses solutions de business intelligence qui existent déjà sur ce marché ?

La plupart d'entre elles centralisent les reportings que leur envoient les SSP. C'est très bien pour permettre aux gens du business ou aux patrons de régies de faire le point sur ce qui a bien marché ou pas. Mais c'est loin d'être suffisant pour ceux des opérations, les yield managers ou adops, qui ont besoin de voir le plus rapidement possible les conséquences d'une décision business. Qu'il s'agisse de l'impact de la mise en place d'un nouveau format ou d'un changement du temps de refresh dans une démarche d'AB testing.

Nous avons mis au point un module d'alerting, pour l'instant en beta, qui leur permet d'être notifiés en l'espace de quelques minutes de toute chute suspecte des CPM sur un emplacement, une page ou une configuration navigateur en particulier. Ou encore d'identifier un acheteur qui a arrêté d'investir chez lui.

Quels types d'éditeurs sont concernés ?

"Les régies qui n'ont aucune compétence technologique vont souffrir dans les prochaines années…"

Nous nous adressons à tous les éditeurs qui veulent internaliser les compétences en matière de programmatique. Ils sont de plus en plus nombreux à recruter des revenue analysts ou développeurs adtech pour reprendre la main sur ce sujet très stratégique. D'ici quelques années, le programmatique pèsera près de 80% de leurs revenus publicitaires online. Or, l'écosystème n'a sans doute jamais été aussi complexe. La chaîne de valeur est devenu très encombrée, les partenaires se sont multipliés, notamment avec l'essor du header bidding. Les régies ont besoin d'outils pour mieux comprendre tout ça. A court terme, cela leur permet d'améliorer leur performance financière de 20 à 30%, comme nos premiers clients ont réussi à le faire en l'espace de 6 mois. Sur le long terme, c'est un enjeu de souveraineté. Je pense d'ailleurs que les régies qui n'ont aucune compétence technologique vont souffrir dans les prochaines années…

Aujourd'hui, nous avons déjà convaincu une quinzaine de partenaires parmi lesquels des poids lourds du marché français comme Webedia, CCM Benchmark, Adverline ou The Moneytizer. Mais aussi des acteurs de la presse dite traditionnelle, comme 366, la régie des principaux titres de PQR.

Vous financez-vous via un partage sur les revenus générés comme cela se fait beaucoup dans ce secteur ?

Le marché de la publicité a cette particularité de recourir massivement au modèle du revenue sharing. Cela permet aux éditeurs et annonceurs de tester de nouvelles solutions sans prise de risque financière mais ça leur coûte beaucoup plus cher qu'ils ne le pensent. Regardez toutes ces études qui nous expliquent que quand un annonceur investit un euro, c'est moins de trente centimes qui vont dans la poche de l'éditeur. Je viens d'un autre monde, celui du SaaS et du log management, et c'est la raison pour laquelle j'ai opté pour un autre business model, avec un tarif en fonction de la volumétrie de data ingérée. Plus un éditeur moulinera d'impressions, plus il paiera cher.

Vous avez levé 2 millions d'euros auprès de Kima Venture, Go Capital, de la BPI et de business angels. Pourquoi ?

Nous n'avons pas de concurrence frontale sur le marché mais nous voulons aller vite. Nous prévoyons de monter à 15 collaborateurs d'ici la fin de l'année, en recrutant aussi bien côté R&D que développement commercial. Un head of sales France va nous rejoindre prochainement. Nous allons également recruter des profils internationaux, l'ambition étant d'aller à l'étranger dès le troisième trimestre et de profiter du salon Dmexco à Cologne, où nous aurons un stand, pour communiquer. Nous avons déjà des tests en cours avec un éditeur allemand et un éditeur portugais.

Nous voulons également accélérer nos intégrations technologiques. Grâce à notre script, nous sommes capables d'écouter tout ce qui se passe au sein de la page Web de l'éditeur. Mais ils sont de plus en plus nombreux à travailler avec des partenaires server-side. La solution TAM d'Amazon, avec laquelle nous sommes intégrés en beta, est de celles-là. De même, certains se laissent tenter par la version server-side de prebid. Ils se connectent aux quatre ou cinq SSP avec lesquels ils font le plus de business en client side et intègrent les autres côté server, pour accéder à d'autres sources de demandes sans pénaliser le chargement de la page. A partir de septembre, nous allons également intégrer toute l'activité du stack Google, qu'il s'agisse des ventes directes, de Google Adex ou de son wrapper, EBDA. Cela nous permettra de nourrir nos données des événements logs que remonte Google Ad Manager. Nous couvrirons alors près de 90% des sources de revenus des éditeurs.