Hervé Brunet (StickyAds TV) "Nous voulons monétiser la vidéo sur tous les écrans "

La régie spécialisée sur la vidéo vient de lever 1,25 million d'euros auprès du fonds Isai. Hervé Brunet, le président de StickyAds TV explique ce qu'il compte faire de cet investissement.

JDN. StickyAds TV vient de lever 1,25 million d'euros auprès d'Isai. A quoi va vous servir ce nouveau financement ?

Hervé Brunet. Il s'agit de notre premier tour de financement auprès d'un fonds, après avoir levé 450 000 euros auprès de business angels. Nous restons majoritaires au capital de l'entreprise. Cette opération doit nous servir à apporter au marché une technologie permettant de monétiser les contenus vidéo sur tous les écrans. Si les annonceurs misent sur la vidéo en ligne, c'est qu'ils recherchent des audiences qu'ils ont de plus en plus de mal à trouver en télévision. Comme les 15-34 ans ou des CSP+ qui ont une propension à passer plus de temps en ligne. A cette fragmentation des audiences s'ajoute la fragmentation des usages, alors que les nouveaux écrans comme les smartphones et les tablettes, mais aussi les TV connectées deviennent de plus en plus utilisés. Notre objectif est de répondre à ces deux types de fragmentations.

Comment allez-vous utiliser cet investissement ?

Nous allons accélérer le développement de notre technologie multi-écrans, afin de nous permettre de monétiser les contenus de nos éditeurs, quel que soit l'écran sur lesquels ils sont regardés. Cette levée de fonds doit également nous permettre d'améliorer notre technologie de ciblage publicitaire, afin de mieux répondre aux stratégies de nos annonceurs. Nous voulons utiliser le plus finement possible les KPI (indicateurs clés de performance, ndlr) des annonceurs en adaptant la diffusion des campagnes sur les différents écrans. Nous voulons également unifier nos outils de monitoring des campagnes afin de permettre à nos clients de disposer en temps réel d'un reporting commun aux quatre écrans que nous couvrons. Tous ces chantiers vont nous permettre de démontrer que la publicité vidéo est aussi efficace qu'en télévision. Le développement de notre activité à l'international fait également partie des sujets auxquels nous réfléchissons.

Comment voyez-vous évoluer ce marché ? Ne craignez-vous pas qu'il soit préempté par les chaînes de télévisions et leur service de catch-up TV ?

C'est un marché qui triple tous les ans. Au premier semestre, le SRI a estimé que la publicité vidéo en ligne représenterait entre 60 et 70 millions d'euros cette année. Nous pensons même qu'il pourrait atteindre les 80 millions. Nous serions heureux de représenter 10% de ce marché. S'il ne cesse de croître, c'est principalement parce que nous allons de moins en moins vers un modèle de consommation de vidéo broadcastée et de plus en plus vers un modèle à la demande. La publicité doit s'adapter à cela. Nous travaillons déjà avec une quinzaine de chaînes, qui ont notamment besoin de nous pour monétiser leurs invendus. Nous pensons que les régies externes comme la nôtre ont leur place, d'abord parce que les chaînes ne sont pas les seules à proposer du contenu vidéo de qualité et ensuite parce que nous pensons que le poids des chaînes dans ce marché va se rééquilibrer. En France, 85% des investissements en vidéo instream vont actuellement aux chaînes TV. Mais aux USA, cette part n'est que de 55%. Il est probable que la France suive le même chemin d'ici 2 à 3 ans.

Hervé Brunet est le président et co-fondateur de StickyAds TV. Il dispose d'une double expertise dans les médias chez Bertelsmann (BMG) et l'IPTV avec Redback Networks, une start-up de la Silicon Valley, qu'il a implanté en France en 1999. Il a notamment été directeur général d'Ericsson Asie-Pacifique.