Antoine Pabst (Nurun) Antoine Pabst (Nurun) : "La prescription communautaire est un levier marchand très important"

Rachat total par son actionnaire majoritaire, réorganisation interne... L'agence de communication interactive se dote des moyens nécessaires pour booster son développement en France et à l'international. Le point avec son Président France.

 

Quel est le positionnement actuel de Nurun ?

Nurun est un acteur pure player qui travaille sur tous les nouveaux outils digitaux, Internet naturellement, mais aussi le mobile quand cela se présente. Nous cherchons à développer une offre très large, allant du développement technique jusqu'à l'achat média. L'agence intervient sur les stratégies digitales qui font appel aux nouveaux moyens numériques pour répondre aux problématiques marketing quelles qu'elles soient.

L'agence a créé en interne trois nouveaux départements. Pourquoi cette réorganisation ?

Nous suivons une évolution tout à fait normale par rapport à la croissance de l'agence. En quatre ans, nous sommes passés d'un effectif de 80 à 200 personnes. Une croissance interne qui répond aux besoins du marché. A ce sujet, nous gardons un oeil constant sur l'évolution du média numérique et du comportement de consommation des internautes, notamment depuis l'avènement de l'ADSL. C'est pourquoi nous travaillons depuis deux ans à la création de ces nouveaux départements experts qui s'ajoutent aux pôles historiques de gestion de projets, création, développement commercial, développement technique, média et planning stratégique.

Parmi ces nouveaux départements, le premier, "Architecture de l'information", était en fait à l'état embryonnaire depuis deux ans environ. Le département "Contact manager" est lui dédié au marketing communautaire. L'on y explore les nouvelles pistes d'influences pour les stratégies de marketing ou de e-commerce. La prescription communautaire est un levier marchand très important. Enfin le département "Content manager" a pour mission de différencier les contenus de marques sur le Web, en répondant notamment à des stratégies d'audience.

"70 personnes recrutées depuis un an"

Comment cela se traduit en termes d'offres et de réalisations ?

Bien sûr nous avons de nombreuses nouvelles offres. Par exemple, en marketing communautaire, nous réalisons des blogs de marques. C'est le cas pour le Comptoir des Cotonniers, le parfum Nina Ricci et un autre parfum du même groupe pour lequel le blog devrait être officialisé dans un mois.

Nous développons l'offre de content management depuis deux mois - entre autre des audits éditoriaux et des chartes - et l'on concrétise actuellement quelques contrats. Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment.

Quels sont les derniers budgets remportés par Nurun ?

Depuis le début de l'année 2008, nous avons remporté Areva, Kellogg's et la Fondation Renaud pour leur commucation corporate, Comptoir des Cotonniers et Accor Hôtel pour des problématiques d'e-business et Grand Marnier pour un site marketing.

Le groupe canadien Quebecor Media, qui détenait jusqu'à présent 60 % de Nurun, a racheté la totalité des parts en février. Qu'est-ce que cela change pour l'agence ?

Quebecor a effectivement racheté en février dernier les 40 % restant à la Bourse de Toronto. Nurun va donc bénéficier de la puissance du groupe et de ses outils pour accélérer sa croissance tant par des acquisitions que du développement organique.

Sans rentrer dans les détails, nous sommes plus qu'en train de surveiller les opportunités en Angleterre... J'espère pouvoir faire une annonce d'ici la fin de l'année. Nous surveillons également de près la région BRIC. Nurun est déjà présent en Chine et nous regardons attentivement les opportunités au Brésil. En outre, l'agence va renforcer sa présence aux Etats-Unis. Nurun est aussi présent au Canada, en Italie et Espagne. Au total, l'agence compte déjà 850 personnes dans le monde.

Pour la croissance organique en France, nous avons déjà recruté 70 personnes depuis un an. Nous allons avant tout essayer de maîtriser cette croissance et de la traduire en offres nouvelles.

"14,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2008"

Quelles sont vos prévisions de chiffre d'affaires pour 2008 ?

Nurun France a réalisé 12,8 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2007, soit une croissance de 9 % par rapport à l'année précédente. Pour 2008, nous devrions atteindre 14,5 millions d'euros.

Que pensez-vous du marché français par rapport aux autres pays ?

Il est clair que les pays anglo-saxons conservent une avance sur la France en matière de communication interactive. Ils sont plus matures sur Internet et soucieux quant à la réflexion sur ce média. D'ailleurs, sur le plan communautaire, les plus importants réseaux interactifs sont américains. De leur côté, les pays nordiques ont une culture digitale assez forte également. En Europe, l'Allemagne se placerait aussi devant la France qui devance l'Espagne et l'Italie qui ont encore quelques mois de retard sur nous. Quant à l'Asie, les Coréens sont très matures, tous les foyers sont câblés et l'usage du Web y est très diversifié. De son côté, le Japon est très fort sur le marché du mobile. Mais finalement la réflexion en matière de stratégie de communication est similaire partout.

Que manque-t-il aux agences françaises pour rattraper leur retard ?

Je dirais que le retard des agences françaises est lié au poids des investissements des annonceurs sur Internet. Cependant il faut admettre une évolution notable. Avant, les annonceurs demandaient un beau site web ou une campagne de bannières. Aujourd'hui, ils se penchent davantage sur les problématiques de marketing stratégiques et raisonnent moins en termes de performance propre au média.