Les opérateurs de téléphonie mobile doivent affronter les défis de l'IoT

Les opérateurs télécoms doivent faire face à un nouveau défi de taille: connecter les appareils intelligents avec des réseaux adaptés, suffisamment sécurisés.

Le marché de l’Internet des objets est des plus florissants. Son potentiel de croissance en France est d’ailleurs estimé à plus de 15 milliards d’euros d’ici 2020.

Au-delà de l’attrait qu’il suscite auprès du grand public et des entreprises, l’IoT voit également apparaître de nouveaux services qui résonnent pour les opérateurs de téléphonie mobile comme des défis technologiques de plus en plus complexes à relever tels que la performance opérationnelle du réseau et sa protection.

Alors que le gouvernement français s’est accordé sur la loi pour une République numérique en octobre dernier, comment les opérateurs mobiles peuvent-ils absorber la charge de la sécurité du réseau de l’IoT et de celle des données qui y circulent ?

Car en tant qu’acteurs majeurs dans la livraison des données IoT, les opérateurs gèrent non seulement leur propre offre, avec à leur charge d’assurer la sécurité de leurs services propriétaires, mais ils proposent également leurs canaux à des fournisseurs tiers, auprès desquels ils s’engagent également en matière de qualité de services délivrée. En tant que fournisseurs d’accès ils devront donc apprendre à différencier et à appréhender les défis de l’Internet des objets pour tenir leur promesse en matière de qualité et de sécurité des réseaux qui lui sont dédiés.

L’IoT : une nouvelle manière d’appréhender la gestion du réseau

Alors que le nombre de connexions sur les réseaux via des smartphones devrait croître de 2,5 milliards aucours des 5 prochaines années, le volume d’objets connectés devrait quant à lui atteindre, dans le même temps, les30 milliards. Cette tendance laisse apparaître pour les fournisseurs une véritable révolution dans leur approche de la gestion des réseaux traditionnels de téléphonie mobile et la manière d’opérer des réseaux dans les années à venir.

Avec l’Internet des objets, c’est aussi un tout nouveau monde qui s’ouvre pour les opérateurs mobiles avec la problématique latente de bande passante. L’IoT induit des besoins de débit différent, par exemple, une application M2M dans le monde de l’industrie ne transmettra que peu de données et ne nécessitera qu’une transmission de basse fréquence (bas débit). Cependant, la priorité sur le réseau ne s’arrête pas à la charge de débit requis et au niveau de latence tolérée. Le cas de la santé en est une belle illustration. Un moniteur cardiaque ne transmet que peu de données or il s’agit d’informations vitales qui doivent être priorisées sur le réseau pour être partagées avec les professionnels de santé et pour lesquelles aucun temps de latence n’est permis.

L’IoT et la sécurité

Pour résoudre les challenges inhérents à la latence, les opérateurs voient la 5G comme un facilitateur technologique. Elle augmente de manière significative l’apport de débit (de 10 à 100 fois supérieure) proposée par la 4G. Cette 5e génération de technologie de communication mobile permettra notamment de répondre à une série de nouveaux usages notamment dans les domaines de l’e-santé, de l’industrie et des transports. Cependant, l’association de l’IoT à la 5G engendre aussi de nouveaux enjeux comme celui de la sécurité.

L’Internet des objets ouvre avec lui la voie à la circulation d’applications critiques et sensibles, qui suscitent hautement l’intérêt des cybercriminels. Les objets connectés offrent de nouveaux points d’entrée pour diriger des attaques potentielles à destination de sites critiques d’entreprises, voire de devices de particuliers. La prolifération de l’IoT rend difficile la sécurisation de ces échanges et services, d’autant plus qu’une majorité des objets n’intègrent pas d’option de sécurité nativement. Et c’est sans compter l’apport de volume et de multiples couvertures cellulaires générés par la 5G, telles que le C-RAN (Cloud Radio Access Network), qu’il faut sécuriser. Les fournisseurs de services ne peuvent aujourd’hui plus se reposer sur les normes de sécurité standard pour sécuriser les réseaux de l’IoT.

Faces aux nouvelles exigences - de trafic, de débit et de réduction du temps de latence - imposées par l’Internet des objets, les opérateurs introduisent dans leur infrastructure IT de plus en plus d’architectures de Cloud Radio Access Network. Le C-RAN doit leur permettre de répondre aux exigences de la 4G et de la 5G, en accord avec l’augmentation exponentielle du trafic des données drivées notamment par l’IoT. Cette approche est révélatrice de la migration des opérateurs vers la virtualisation des fonctions réseau - NFV (Network Fonction Virtualisation). Combinées, ces technologies représentent pour eux une perturbation majeure dans leur manière d’opérer le réseau. Car, sans outil de surveillance en place pour analyser les changements induits sur le réseau, la transformation numérique opérée peut rapidement s’avérer précaire.

A l’heure où le passage à l’IoT s’accélère, les opérateurs doivent s’appuyer sur des outils leur permettant de monitorer et de visualiser l’activité de l’ensemble de leurs sites cellulaires et de leurs réseaux, à la fois physiques et virtuels. Il n’y a qu’en disposant d’une vue d’ensemble qu’ils seront en mesure d’identifier plus facilement le trafic propre à l’Internet des objets, d’extraire certaines données afin d’analyser, le cas échéant et en quasi temps réel, de potentielles menaces et vulnérabilités pesant sur leur réseau. Comme pour toutes nouvelles technologies attractives, il est essentiel de faire de la sécurité une priorité.

En intégrant la notion de visibilité réseau au cœur de leur transformation numérique, les opérateurs de téléphonie mobile se mettent dans la meilleure des positions possibles pour répondre à cette problématique. Car ce sont bel et bien eux qui, avec la virtualisation de leur réseau, portent le poids de la majorité du trafic de l’IoT. Dans un futur relativement proche, ils ne soutiendront plus seulement l’échange entre individu, mais ils seront aussi responsables de la connectivité et de la sécurité des réseaux de l’IoT. En plaçant l’analyse des données et les services assurance au coeur de leur stratégie de mutation numérique, orienté réseau, ils seront en mesure de générer une meilleure compréhension des flux de l’Internet des objets, afin d’assurer une livraison de services élevés des systèmes et des applications critiques associés. Opérateurs, à vous d’anticiper la sécurité des flux de communication de nouvelle génération de demain.