L'UFC-Que Choisir conteste la fusion SFR-Neuf

Près de deux mois après le feu vert de Bercy au rachat de Neuf-Cegetel par SFR, l'UFC-Que Choisir dépose un recours au Conseil d'Etat. L'association demande plus de garanties pour préserver la concurrence.

L'UFC-Que choisir ne veut pas du rachat de Neuf Cegetel par SFR tel qu'il se prépare. L'association de défense des consommateurs a déposé lundi 7 juillet un recours devant le Conseil d'Etat contre le feu vert donné par Bercy mi-avril à cette opération, rapporte Les Echos. Elle conteste la méthode ainsi que le fond de cette décision. "Nous ne sommes pas contre la fusion en elle-même, à condition qu'elle ne menace pas la concurrence", précise Cédric Musso, directeur adjoint des études de l'association. 

Le ministère avait autorisé le 15 avril ce rachat, sans demander son avis au Conseil de la Concurrence. Il estimait qu'il ne posait pas de problèmes de concurrence, SFR étant opérateur mobile et Neuf-Cegetel fournisseur d'accès Internet. Or c'est justement cette position que conteste l'association. "Il s'agit d'une opération d'envergure avec une vraie problématique concurrentielle. Elle crée un duopole dans les télécoms et dans la télévision payante avec d'un côté France Télécom-Orange et de l'autre Vivendi et ses filiales. Il est très étonnant que le Conseil de la concurrence n'ait pas eu l'occasion de se prononcer", explique Cédric Musso.

L'UFC conteste également l'autorisation de rachat sur le fond. Car les engagements pris alors par SFR et Vivendi remontent en réalité pour certains à d'autres opérations, dont la fusion TPS-CanalSat (lire La fusion TPS-CanalSat renforce la position des FAI, du 19/09/06). Parmi les nouveaux engagements, l'ensemble créé devra partager son réseau avec un nouvel opérateur mobile virtuel (MVNO). Selon Les Echos, il l'aurait proposé à Free et Darty. Mais pour l'UFC, le rachat de Neuf-Cegetel risque néanmoins de "figer le marché".

Peu avant le feu vert de Bercy, certains concurrents des filiales de Vivendi semblaient partager l'inquiétude de l'UFC. Orange menaçant même de déposer un recours devant le Conseil d'Etat (lire Vers une fusion SFR Neuf-Cegetel sans conditions ?, du 01/04/08). Ni Orange ni Free n'ont souhaité faire de commentaires. Du côté de chez Vivendi, on explique sans surprise que "la décision du ministre nous a semblé très argumentée", ajoutant que le groupe possède actuellement 98 % de Neuf Cegetel.

L'association de défense des consommateurs reproche aussi l'absence d'engagements sur les marchés émergents de la fibre optique et de la télévision sur mobile. Elle demande par ailleurs que Bruxelles se prononce sur la fusion, étant donné le rôle de Vodafone, actionnaire important - mais minoritaire - de SFR. "Vodafone a approuvé cette acquisition, rappelle Cédric Musso. Elle dépasse donc le cadre national". La décision du Conseil d'Etat est attendue dans neuf mois.