Orange lance ses chaînes cinéma sous les critiques de l'Arcep

Poursuivant sa stratégie dans les contenus payants exclusifs, Orange lance un bouquet de 5 chaînes cinéma. L'opérateur subit les critiques de l'Arcep qui appelle à une régulation "technico-économique" du secteur.

C'est le 13 novembre qu'Orange lancera son bouquet "Orange cinéma séries" composé de 5 chaînes exclusivement diffusées sur son réseau. Accessible aux abonnés Orange sur PC et TV au prix de 12 euros par mois (6 euros sur mobile), ce bouquet est composé de 5 chaînes : Orange Cinemax, proposée en HD, qui proposera cinéma récent et séries inédites, ainsi que 4 autres chaînes organisées selon les thématiques famille, action, cinéma d'auteurs, et classique. Originalité de l'offre, la totalité des programmes diffusés sur ces 5 chaînes sera accessible à la demande pendant 30 jours après leur première diffusion en direct.

Orange poursuit donc sa stratégie le menant à concurrencer de plus en plus directement Canal+ sur le terrain des chaînes payantes. L'opérateur avait déjà lancé le 9 août dernier la chaîne exclusive Orange Foot, une chaîne dédiée au football pour 6 euros par mois et par canal de diffusion, TV, Internet ou mobile (lire l'article : La chaîne foot d'Orange sera diffusée sur la TV et le mobile pour 6 euros, du 29/05/2008).

On savait déjà que cette stratégie déplaisait à ses concurrents. Free et Neuf avaient notamment attaqué Orange pour concurrence déloyale. Les deux FAI considéraient cette offre comme une "vente subordonnée" entre deux produits, interdite par le Code de la consommation. Cependant, le Tribunal de Commerce leur avait donné tort.

Cette fois, la veille de l'annonce d'Orange cinéma séries, c'est le président du gendarme des télécoms, Paul Champsaur, qui a critiqué cette stratégie d'exclusivité. Selon lui, le jeu de la concurrence est faussé "si un gros opérateur de réseau devient lui-même acheteur et assembleur de contenus pour son usage exclusif", écrit-il dans la lettre mensuelle d'octobre de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), en visant Orange sans le nommer. Selon lui, la solution serait de procéder à une régulation "technico-économique" du secteur audiovisuel, à l'instar de ce qui se pratique déjà dans les télécoms avec le Groupe des régulateurs européens.

Un sujet sur lequel Paul Champsaur ne s'exprime pas pour la première fois. "Il est également nécessaire que les pouvoirs publics veillent à éviter les distorsions de concurrence, résultant, par effet de levier d'un marché sur l'autre, des positions dominantes d'un acteur", avait-il déjà déclaré lors de la publication du rapport annuel de l'Arcep fin juin 2008.