L'Arcep conteste le retour à trois opérateurs voulu par Montebourg

L'Arcep conteste le retour à trois opérateurs voulu par Montebourg Pour le régulateur des télécoms, il est bien plus urgent de rééquilibrer les critères du prix et de la qualité de service dans l'esprit des consommateurs.

Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg fait campagne depuis des mois pour une consolidation du marché français des télécoms qui ramènerait à trois le nombre d'opérateurs. Jean-Ludovic Silicani, président de l'Arcep, lui a coupé l'herbe sous le pied mardi 24 juin en affirmant lors d'une conférence de presse que cela ne résoudrait pas le problème. Pour le régulateur des télécoms, si Free s'est lancé dans le mobile, c'est parce que les trois autres opérateurs disposaient d'une véritable "rente", ayant refusé d'évoluer malgré une série d'actions de l'administration : condamnation pour entente sur les prix par l'Autorité de la concurrence, loi Chatel, initiatives de l'Arcep pour diminuer des tarifs mobiles 25% supérieurs à la moyenne européenne... "Maintenant, il ne s'agit pas que le pendule aille à l'autre extrémité de sa trajectoire", a mis en garde Jean-Ludovic Silicani, estimant que "les acquis de l'arrivée du quatrième opérateur [doivent être] conservés tout en permettant un partage de la valeur satisfaisant".

Pour y parvenir, le gendarme des télécoms juge que quatre conditions doivent être réunies. Il faut bien sûr mais permettre au secteur de continuer à innover. Mais surtout, il conviendrait de rééquilibrer, dans l'esprit du consommateur qui choisit son opérateur, le critère du prix avec celui de la qualité du service offert. Raison d'ailleurs pour laquelle l'Arcep publie un baromètre, dont la dernière édition reléguait Free loin derrière ses rivaux.

Troisième axe avancé par l'Arcep : "Encourager la mutualisation partout où elle est possible", afin de rendre plus efficaces les investissements des opérateurs. Une façon sans doute d'encourager Bouygues Telecom et SFR à mettre en oeuvre leur accord de mutualisation même si SFR a été racheté entre temps par Numericable. Quatrième condition, si nécessaire seulement : "On peut envisager que le marché se consolide, concède Jean-Ludovic Silicani. Encore faut-il que les acteurs concernés le souhaitent".

Si le secteur connaît une croissance en volume de son activité, la baisse des prix du mobile entraînée par l'arrivée de Free Mobile a fait chuter de 13% le chiffre d'affaires mobile des opérateurs en France. Mais pour le président de l'Arcep, cette dégringolade touche à sa fin : "Il y a une probabilité non négligeable que l'indice des prix du mobile se stabilise à la fin de l'année". En sera-t-il de même pour l'emploi ? En 2013, le nombre d'emplois directs chez les opérateurs a diminué de 4200 postes, plaçant le secteur à son niveau de 2009, avant les hausses enregistrées jusqu'au lancement de Free Mobile début 2012. Mais pour le régulateur des télécoms, le recul actuel est structurel et provient avant tout des gains de productivité obtenus par les opérateurs.