Le champion indien du mobile Bharti aux portes de l'Afrique


Un accord avec le géant africain MTN serait imminent. Le modèle économique de Bharti, basé sur la maîtrise des coûts, s'adapterait certainement mieux au continent noir que celui des opérateurs occidentaux.

L'opérateur mobile Bharti Airtel, qui cherche à fusionner avec MTN en rachetant 49 % de son capital, aurait trouvé un accord avec le Sud-africain, rapporte le "Wall Street Journal". Les deux groupes se seraient entendus sur un nouveau prix de 14 milliards de dollars, dont une partie en cash revue à la hausse. Malgré un démenti du principal intéressé, Bharti ferait actuellement le tour des banques afin d'emprunter 5 milliards de dollars, avance le quotidien.

Si la fusion a lieu, elle donnera naissance à un champion émergent du mobile, fort de 200 millions d'abonnés pour un chiffre d'affaires annuel dépassant 20 milliards de dollars (lire Vers la création d'un géant du mobile dans les pays émergents, du 26/05/2009). Le continent africain fournit en effet 100 millions d'abonnés à MTN, dont la croissance annuelle frôle les 50 %. Bharti et MTN se sont donné jusqu'à la fin septembre pour se mettre d'accord. Une première offre de l'Indien avait été rejetée en mai pour des raisons de prix mais également de contrôle de la future entité que les actionnaires de MTN ne veulent pas abandonner. D'après l'agence Bloomberg, l'accord prévoirait maintenant que le leader du marché africain prenne aux côtés de ses actionnaires 33 % du capital de Bharti, pour 10 milliards de dollars.

Le modèle économique de Bharti repose sur un prix à la minute le plus faible au monde, appliqué à 100 millions d'utilisateurs. Savoir assurer un tel volume d'usage pour un très faible revenu par abonné constitue évidemment un atout considérable pour attaquer le marché africain. En Inde, Bharti ne compte pas sur un réseau de boutiques mais sur des apporteurs d'affaires dans les villages pour recruter des abonnés. Pour réduire les investissements, le réseau est de plus mutualisé entre cinq opérateurs.

En Afrique, Bharti devra toutefois améliorer encore sa maîtrise des coûts et trouver de nouveaux modèles de facturation "pour une population qui n'a pas de compte en banque et ne consommera que quelques minutes par mois, sur un téléphone qu'on utilisera à plusieurs", explique aux "Echos" Julien Salanave, analyste à l'Idate. Une fois son modèle économique encore amélioré, Bharti, que les Vodafone, France Télécom et autres Telefonica auront bien du mal à concurrencer en Afrique, aura de plus toutes les cartes en main pour s'attaquer au marché de l'Inde rurale et de ses 250 millions de clients potentiels.