Grégory Gosset : "Les MVNO vont souffrir de l'arrivée d'un quatrième opérateur"

Pour la rentrée, le JDN interviewe chaque jour un dirigeant de l'e-business qui livre ses prévisions de marché et ses objectifs pour le second semestre. Aujourd'hui, Grégory Gosset, DG de Tele2 Mobile.

JDN. Quels sont les objectifs de Tele2 Mobile pour le second semestre ?

Grégory Gosset. Nous allons continuer à améliorer la rentabilité de nos opérations. Au premier semestre, nous avons fait 5 millions d'euros de résultat d'exploitation, soit 8 % de marge. Nous pensons être le seul MVNO rentable en France aujourd'hui. Pour cela, nous misons sur notre base clients d'un peu plus de 400 000 abonnés. Actuellement, le taux de churn de Tele2 Mobile est meilleur que les 14-15 % de moyenne du secteur. Et nous allons continuer à nous concentrer davantage sur la fidélisation que sur l'acquisition, en intensifiant au cours du semestre nos offres spéciales à nos abonnés. C'est une stratégie d'autant plus pertinente en temps de crise, quand les gens n'ont pas très envie de changer d'opérateur. L'acquisition ne sera pas néanmoins abandonnée, avec des offres pour encourager la portabilité des numéros.

Comment voyez-vous évoluer le marché français des MVNO ?

Il ne va pas décoller au cours du semestre. La part des MVNO, autour de 5 %, n'a que très peu progressé. Pourtant quand les MVNO se sont lancés dans des investissements colossaux, ce n'était pas pour atteindre péniblement 5 % du marché ! Or l'arrivée d'un nouvel opérateur aurait pu changer les choses, en imposant un nouveau modèle de MVNO. Mais ce ne sera pas le cas. Nous sommes déçus de constater que l'Arcep n'a pas modifié la donne. Dans les conditions actuelles, le modèle MVNO ne peut pas se pérenniser avec l'arrivée d'un quatrième opérateur. Car avec cette concurrence, l'écart entre le prix de gros et le prix payé par les clients se réduira, et les MVNO souffriront.

Que comptez-vous faire pour être entendus ?

Aujourd'hui, la minute de communication n'appartient pas aux MVNO. Ils achètent des minutes aux opérateurs et les revendent à leurs clients. Ils n'ont pas de structure télécom et sont cantonnés à faire uniquement du marketing et de la relation client. Nous voulons changer cela pour pouvoir contrôler la chaîne de bout en bout, comme c'est le cas par exemple aux Pays-Bas où Tele2 est présent et où la part des MVNO est très supérieure à celle de la France. Mais puisque l'Arcep n'a pas imposé de nouveau modèle, nous ne comptons pas spécialement sur un nouvel entrant. Malgré cela, nous avons commencé à discuter avec les candidats à la quatrième licence pour qu'ils nous fassent, d'eux-mêmes, de meilleures conditions qu'actuellement. Et puis nous travaillons par ailleurs pour que le second appel à candidature [portant sur 10 MHZ environ, Ndlr] nous soit plus favorable.

 Demain, Nathalie Collin (Libération)