Michel Combes (TDF) Michel Combes (TDF) : "Seul un opérateur Wimax d'envergure nationale peut être rentable"

Vente de ses licences Wimax, déploiement du réseau DVB-H pour la télévision mobile, position sur le dividende numérique : l'actualité de TDF expliquée par son PDG.

 

TDF a récemment annoncé la cession au groupe Bolloré de 8 des 11 licences Wimax régionales détenues par sa filiale HDRR (lire le dossier Zoom sur les lauréats des licences Wimax de juillet 2006). Vous ne croyez plus au Wimax ?

Au contraire, mais les données du marché ont changé depuis l'acquisition des licences en 2006. Le projet de TDF pour le Wimax était un projet national d'aménagement du territoire numérique. HDRR se positionnait comme un opérateur de gros pour les fournisseurs d'accès Internet afin d'offrir de l'Internet haut débit dans les zones inéligibles ou mal desservies en ADSL.

Le problème est que les terminaux compatibles avec la norme 16e du Wimax ont mis plus de 18 mois à être disponibles sur le marché. Entre temps, France Télécom, qui n'avait pas obtenu de licence régionale Wimax, a élargi sa couverture en ADSL du territoire en ouvrant des nœuds de raccordement d'abonnés dans les zones d'ombres. Les collectivités locales ont de leur côté développé des DSP et des réseaux d'initiative publique. Les licences ne couvraient plus qu'une partie du territoire alors que le déploiement du Wimax nécessitait un acteur national. Du coup, la fenêtre de tir avec les FAI, futurs clients potentiels de notre réseau d'infrastructure Wimax, s'est refermée. Notre projet n'était donc plus économiquement viable. Il faut une envergure nationale pour déployer un réseau Wimax rentable, ce qui est le cas de la société Bolloré Télécom aujourd'hui.

En cédant vos licences à Bolloré, dont le projet sur le Wimax est commercial et vise les zones denses, vous laissez tomber votre projet d'aménagement du territoire et de couverture des zones blanches de l'ADSL ?

Non, en rachetant les licences de HDRR, Bolloré s'engage à respecter les objectifs de couverture des zones blanches fixés par l'Arcep.

"Une offre commerciale nationale de Wimax ne verra le jour qu'en 2009"

L'Arcep engage fin juin un contrôle des déploiements des opérateurs régionaux de Wimax, en raison du retard dans les lancements d'offres commerciales. Quand pensez-vous que ces offres verront le jour en France ?

Il existe déjà quelques offres commerciales sur des réseaux Wimax, utilisés par des FAI locaux. Pour une offre commerciale à l'échelle nationale, comme le projet de haut débit mobile pour les particuliers de Bolloré, je pense qu'il faudra attendre 2009.

Le CSA a annoncé fin mai liste des 13 premières chaînes retenues pour être diffusées sur la télévision mobile personnelle (TMP). Ces dernières doivent se constituer en opérateur de multiplex et choisir, en septembre prochain, un prestataire technique de déploiement du réseau DVB-H. Quels arguments allez vous mettre en avant pour remporter l'appel d'offre ?

TDF s'est engagé sur de nombreuses expériences de télévision mobile ces deux dernières années en France. Par ailleurs, TDF est l'acteur de référence en Europe pour le déploiement de réseaux DVB-H : nous en avons lancé un en Autriche, nous détenons la licence technique en Allemagne et en Finlande.

Nous travaillons depuis longtemps avec tous les acteurs sur la TMP en France; nous avons réalisé en amont un travail d'ingénierie du réseau, en particulier afin de définir son architecture et d'identifier les besoins en sites.

"La TMP couvrira 30% du territoire à fin 2009"

Selon vos plans, combien de temps faudra-t-il pour déployer une réseau DVB-H, et à quel coût ?

C'est à l'opérateur du multiplex qui sera constitué par les chaînes de définir le calendrier. On peut envisager un démarrage très restreint pour Noël. La couverture de 15 % du territoire peut être envisagée au premier semestre 2009, avec un coût de 1 à 2 millions d'euros par chaîne, et la couverture de 30 % du territoire à fin 2009 pour environ 3,5 millions d'euros par chaîne.

La commission parlementaire du dividende numérique, chargé de réfléchir à l'utilisation des fréquences libérées par l'extinction du signal analogique, doit rendre son rapport dans les prochains jours. Quelle est la position de TDF concernant l'attribution de ces fréquences à l'audiovisuel ou aux télécoms ?

De par son positionnement neutre de prestataire technique et d'infrastructures pour des clients aussi bien de l'audiovisuel que des télécommunications, TDF est en quelque sorte le trait d'union entre ces deux mondes. Notre métier est d'optimiser l'utilisation de la bande de fréquences UHF. A la demande de la commission et du CSN [Comité stratégique pour le numérique, mis en place par Jacques Chirac en 2006, ndlr], nous avons donc étudié les besoins en fréquences de l'audiovisuel - passer l'intégralité des chaînes de la TNT en haute définition et lancer un deuxième multiplex de la TMP, ainsi que ceux des télécommunications - apporter le très haut débit mobile dans les zones blanches, puis nous avons étudié techniquement les possibilités pour concilier ces besoins.

Les besoins des télécoms et de l'audiovisuel sont-ils donc conciliables ?

Oui, c'est la bonne nouvelle. Avec 12 multiplex pour la TNT et 2 pour la TMP, resteront 56 MHz pour les télécoms, ce qui ne permettrait qu'à un seul opérateur de déployer une infrastructure de réseau sur la bande de fréquences UHF. En revanche, selon nos dernières hypothèses, avec 11 multiplex de la TNT et 2 multiplex de la TMP, resteront 72 MHz pour les services télécoms, soit 9 canaux, répondant ainsi aux besoins des deux secteurs.