Maxime Lombardini (Iliad-Free) "Je ne crois pas aux téléviseurs connectés"

Le DG d'Iliad s'exprimait sur la TV connectée le 23 juin lors de l'AG de l'EGB . Selon lui, Free propose déjà à ses abonnés des services analogues et les initiatives des fabricants et des portails Web n'apportent pas de valeur supplémentaire.

JDN. Que vous inspirent les initiatives des fabricants de téléviseurs et de set-top box ainsi que des portails Web, qui cherchent à se positionner comme portail d'accès à la TV connectée ?

Maxime Lombardini. Je ne crois pas beaucoup aux téléviseurs connectés. Aujourd'hui, à part quelques geeks, aucun abonné Free n'a recours à ce type de services. Je vois d'ailleurs mal ce qu'ils peuvent apporter et quel intérêt un foyer aurait à aller les chercher. 80% des abonnés Free ont un débit suffisant pour recevoir la télévision. Ils sont connectés aussi et nous leur proposons VOD, catch-up TV, SVOD...

Quant aux portails de type Yahoo Connected TV, nous donnons déjà accès à tous les contenus OTT qu'ils proposent : il n'y pas de manque aujourd'hui en la matière. Par exemple, nous avons déjà un browser qui permet de naviguer au-dessus des chaînes télévisées.

Qui seront demain les principaux acteurs de la télévision connectée ?

Les portails d'accès à la TV connectée sont des produits nationaux, qui nécessitent des mises à jour très fréquentes. Ce n'est pas du tout la compétence des fabricants de téléviseurs. Pour un fournisseur d'accès comme nous, c'est beaucoup plus facile.

C'est vrai aussi pour ce qui relève de la facturation. Je ne suis pas sûr que beaucoup d'utilisateurs voudront donner leur numéro de carte bancaire sur Yahoo Connected TV pour acheter un film. Tandis que nous avons déjà un numéro de facturation pour eux. Ce n'est pas rien.

Les chaînes TV travaillent déjà avec vous par exemple sur la catch-up TV. Les sentez-vous réticentes vis-à-vis de la TV connectée ?

Pour nous, il est très facile d'incruster des informations et des services supplémentaires sur le signal des chaînes. Evidemment, elles n'aiment pas du tout que des tiers incrustent des contenus sur leur signal. C'est un mauvais prétexte, mais au nom de la protection des œuvres, je pense qu'elles auront, le moment venu, le soutien du gouvernement et des parlementaires.

Diplômé de Sciences-Po Paris et titulaire d'une maîtrise de droit des affaires et de droit fiscal de l'Université Paris II, Maxime Lombardini est de 1996 à 1999 secrétaire général de TPS, poste où il participe au lancement du bouquet satellite, filiale de TF1 et M6. De 2003 à 2007 il est directeur général de TF1 Production. En 2007, il rejoint le groupe Iliad au poste de directeur général.