La viande artificielle déjà dans les assiettes Un avenir prometteur

pour jayson lusk, professeur d'économie agricole, le succès de la viande
Pour Jayson Lusk, professeur d'économie agricole, le succès de la viande artificielle est aussi dû à la hausse des prix de la viande conventionnelle. © JL

"Depuis une dizaine d'années, les consommateurs sont devenus plus sensibles aux problèmes liés à l'impact de l'élevage intensif sur l'environnement, au traitement des animaux mais aussi à leur propre santé et bien-être, rappelle Jayson Lusk, professeur d'économie agricole à l'université d'Oklahoma. Mais, ces derniers temps, le recours aux substituts est aussi une conséquence de la hausse des prix de la viande. Dans certains cas, l'augmentation s'élève à 30% par rapport à l'année dernière."

Une forme d'intérêt pécuniaire qui préfigure le probable besoin de viande artificielle à venir : d'ici 2060, selon l'ONU, la Terre comptera 2 milliards de personnes de plus. D'ici 2050, la demande en viande aura doublé, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Or près de 30% de la surface exploitable de la planète sert déjà aux pâturages pour animaux. Et le secteur de l'élevage contribue à 18% des émissions mondiales de gaz à effets de serre. Une étude de l'université d'Oxford, publiée en 2011, estime que la viande créée en laboratoire produit 78 à 96% moins de ces gaz que la viande conventionnelle. Elle nécessite également 82 à 96% moins d'eau.

Par ailleurs, 80% des antibiotiques vendus aux Etats-Unis sont donnés aux animaux d'élevage, selon la Food and Drug Administration, augmentant ainsi le nombre de maladies résistantes aux antibiotiques. S'ajoute à ces considérations, celle, plus morale, du sort réservé aux animaux : selon la FAO, pour se nourrir, l'homme abat 1 600 mammifères et oiseaux chaque seconde.

Réduire l'empreinte de l'homme

En souhaitant concurrencer l'industrie de la viande, Ethan Brown, patron de Beyond Meat, vise à réduire l'empreinte de l'homme sur la planète. "Auparavant, on se déplaçait grâce au cheval. Puis la voiture l'a remplacé, confie-t-il à Slate.com. Je suis persuadé qu'à l'avenir, vous marcherez dans les rayons d'un supermarché et vous demanderez du poulet ou du bœuf. Et de la même façon que l'automobile n'a plus de relation au cheval, ce que vous obtiendrez n'aura plus rien à voir avec les animaux."

Reste à savoir si les consommateurs accepteront complètement l'idée de se retrouver avec une viande artificielle dans leur assiette. "Il existe chez les gens une certaine aversion à l'usage de la technologie dans la nourriture", rappelle Jayson Lusk. Mais auront-ils le choix ?