Le coronavirus rapproche (un peu) les véhicules autonomes de PSA et Renault

Le coronavirus rapproche (un peu) les véhicules autonomes de PSA et Renault Un projet de recherche mené par Vedecom avec la filière automobile française doit permettre d'établir un standard commun d'homologation des intelligences artificielles de leurs véhicules autonomes.

L'adversité rapproche. Face aux lourdes conséquences économiques de la crise du coronavirus sur leur activité, Renault et PSA ont initié une collaboration dans le véhicule autonome. Les deux constructeurs participent à un projet commun sous l'égide de Vedecom (un institut de recherche financé par les grands noms du transport français), dont le but est de créer un standard d'homologation des véhicules autonomes. L'équipementier Valeo y est également associé, ainsi que Navya et Transdev sur la partie navettes autonomes.

"L'objectif principal est de trouver comment valider tous les systèmes d'intelligence artificielle du véhicule autonome", explique Philippe Watteau, directeur général de Vedecom. "Concrètement, nous allons partir des usages les plus fréquents de cette IA dans les situations à risques : freinage d'urgence, queues de poisson, changement de voie, détection de l'environnement…", détaille-t-il. Il faut donc générer un ensemble de scénarios de conduite et définir les réactions attendues de la part des IA des différents constructeurs, via des règles informatiques communes. En somme, le résultat final doit être le même, peu importe la technologie utilisée. Ce travail doit produire un outil capable d'évaluer les réactions d'une IA de conduite autonome sur les trois formats de tests utilisés par la filière : en circuit fermé, en simulation informatique et en conditions réelles. 

Un projet à vocation européenne

Le but de ce projet est d'établir un standard commun à la filière française qui pourra être poussé à l'échelle européenne. L'industrie automobile allemande, historiquement plus soudée que l'écosystème français, marqué par la forte rivalité entre Renault et PSA, travaille aussi sur son propre standard à vocation européenne. Derrière les standards se cachent souvent des enjeux économiques, chaque acteur cherchant à imposer une vision la plus proche de la sienne afin de simplifier l'homologation de ses technologies pour avoir l'avantage sur ses concurrents dans la course à la commercialisation. "Nous sommes en contact avec les constructeurs japonais, qui sont très en phase avec ce que nous faisons, et allemands, qui commencent à marquer un réel intérêt", assure Philippe Watteau. Mais il faudra trouver un "terrain d'entente franco-allemand" pour imposer un standard à l'échelle européenne, reconnaît-il. 

Cette collaboration pourrait aussi préfigurer un plus grand rapprochement entre Renault et PSA. Pour l'instant, il n'est pas question de mettre en commun leurs technologies de conduite autonome à travers ce projet. "Mais se mettre d'accord sur la manière d'intégrer l'IA à un système amène naturellement à partager l'IA. Ce sera peut-être l'étape suivante", estime Philippe Watteau. Le coronavirus a accentué une situation déjà difficile pour les deux constructeurs. 

Pris en étau entre les coûteux objectifs de réduction des émissions de leurs véhicules, de transition vers l'électrique et de passage à des modèles économiques davantage serviciels pour anticiper une éventuelle chute de leurs ventes, le constructeurs doivent aussi consacrer des milliards d'euros qu'ils n'ont pas à la recherche sur le véhicule autonome. Ce qui a provoqué une vague mondiale d'alliances entre concurrents. Mais pas en France. Renault-Nissan a seulement annoncé il y a un an une collaboration avec Waymo (filiale d'Alphabet) pour développer des services de véhicules autonomes en France et au Japon, qui n'a à ce jour produit aucun résultat concret. De son côté, PSA est à la recherche de partenaires avec lesquels mutualiser ses efforts depuis l'année dernière, mais n'a pour l'instant rien annoncé en ce sens. Et si le meilleur partenaire se trouvait sous son nez depuis le début ?