Hendrik Van Asbroeck (Engie New Ventures) "Engie réalisera 5 à 10 investissements par an dans des start-up innovantes"

Le géant de l'énergie veut notamment multiplier les participations dans des jeunes pousses de la smart city.

Hendrik Van Asbroeck est le directeur d'Engie New Ventures, le fonds d'investissement d'Engie, doté de 100 millions d'euros. Il vient d'en investir 2 dans la société californienne StreetLight Data.

Hendrik Van Asbroeck, directeur d'Engie New Ventures. © H. V. A.

JDN. StreetLight Data est spécialisée dans le big data appliqué à la planification du transport et de la mobilité urbaine. Pourquoi Engie, fournisseur d'énergie, investit-il dans une telle société ?

Hendrik Van Asbroeck. Nous voulons montrer qu'Engie a beaucoup de choses à proposer aux villes et aux régions. Et cet investissement est l'occasion d'ajouter un produit que nous ne proposons pas encore. La ville connectée est un sujet essentiel pour nous. Nous voulons aider les territoires à optimiser les flux de transport et notre clientèle est d'ailleurs très demandeuse. Nos clients veulent avoir accès à la palette de services la plus large possible. C'est pourquoi nous travaillons beaucoup sur l'optimisation des services de la ville au-delà de la gestion énergétique.

Comptez-vous avoir recours à leur solution prochainement ?

StreetLight Data nous aidera par exemple à déterminer où mettre les emplacements de recharge pour véhicules électriques grâce à ses outils analytiques et prédictifs. Engie cherche à développer ce genre de service car les territoires prennent de plus en plus des décisions sur le plan énergétique qui engagent des questions de mobilité. C'est le cas de la mobilité verte, et plus particulièrement des moyens de transport électriques et au biogaz.

StreetLight Data nous aidera par exemple à déterminer où mettre les emplacements de recharge pour véhicules électriques

Avez-vous signé des contrats de partenariat avec StreetLight Data ?

Non. Mais nous nous sommes engagés à les aider à collaborer avec nos business units partout dans le monde. Cet investissement est minoritaire mais le but est d'avoir une relation privilégiée avec eux. Nous allons les introduire dans tous les pays où nous travaillons en ajoutant leur solution au portefeuille de technologies que nous proposons à nos clients. Des contacts ont déjà été noués aux Etats-Unis et avec notre filiale dédiée à la smart city Ineo. Leurs équipes sont en ce moment-même en train d'imaginer comment StreetLight Data pourra s'intégrer dans les projets de nos clients. Nous avons des idées de collaborations potentielles mais il faut encore les concrétiser.

Qu'avez-vous à leur apporter ?

Ils ont beaucoup d'idées et une technologie mature mais ils manquent de moyens pour se développer hors des Etats-Unis. Nous leur apportons la possibilité de se développer en Europe, notamment. Ils trouvent que le marché européen a besoin d'être développé et ils ont repéré la volonté des villes d'Europe à devenir des smart cities. Grâce à leurs données les villes pourront prendre des décisions plus pertinentes par rapport à leurs besoins. C'est un échange gagnant-gagnant comme nous avons pu le faire en 2015 avec le spécialiste français de l'IoT Sigfox, qui n'avait pas de client en Belgique et que nous avons aidé à se développer là-bas.

Nous allons nous focaliser sur le demand-side management, c'est-à-dire comment adapter l'approvisionnement des foyers selon leur consommation

Pourquoi avoir choisi cette entreprise en particulier ? Quels sont ses atouts par rapport à la concurrence ?

Nous avons cherché sur tous les marchés internationaux les meilleures solutions pour analyser les flux de transport et nous pensons qu'ils sont les mieux équipés. Ils ont une bonne équipe et ils ont déjà fait leurs preuves dans une centaine de villes américaines. Nous avons observé la fidélité de leur clientèle, avec de nombreux contrats reconduits notamment, et l'importance de leurs clients aux Etats-Unis. C'est pourquoi StreetLight Data est à nos yeux mieux placée que les autres pour être une entreprise gagnante.

Il s'agit de votre huitième investissement. D'autres opérations sont-elles dans les tuyaux ?

Notre objectif est de faire entre 5 et 10 investissements de ce genre par an. Plusieurs dossiers sont en cours de négociation et plusieurs seront bouclés et officialisés avant l'été, dans des secteurs liés à la smart city, et notamment dans la mobilité durable. Il s'agira d'entreprises qui travaillent sur des solutions que nous n'avons pas encore dans notre portefeuille ou sur des innovations qui amélioreront l'efficacité de ce que l'on a déjà.

Pour nos prochains investissements nous allons notamment nous focaliser sur le demand-side management, c'est-à-dire comment adapter l'approvisionnement des foyers selon la consommation du client, grâce aux réseaux intelligents ou smart grids qui demandent beaucoup d'innovation dans le traitement des data. Les solutions de stockage d'énergie et de l'IoT seront aussi d'importants axes de développement.