Chantal Genermont (Enedis) "Nous avons conçu un cadenas connecté pour sécuriser nos postes électriques"

A l'approche de la Nuit du Directeur Digital, la chief digital officer d'Enedis présente au JDN son premier projet IoT développé en interne.

Le JDN propose pour la cinquième année consécutive un événement destiné à récompenser les meilleurs chief digital officers de France. Pour en savoir plus : la Nuit du Directeur Digital.

JDN. A quoi sert E-Lock, le cadenas connecté que vous avez conçu ?

Chantal Genermont est la la chief digital officer d'Enedis. © Enedis

Chantal Genermont. Il s'agit d'un cadenas qui permet de verrouiller les postes source - des nœuds connectés au réseau électrique national - à partir desquels nous tirons des câbles pour alimenter plusieurs maisons ou appartements avec des puissances plus faibles. Ce sont des actifs vitaux et extrêmement dangereux, sur lesquels nos agents réalisent souvent des interventions, et qui nécessitent d'être mis hors tension lorsque nous souhaitons y accéder. Il est évidemment crucial de refermer et verrouiller correctement les postes source après les interventions afin d'éviter tout accident.

En remplaçant nos cadenas classiques par des appareils connectés, nos techniciens peuvent s'assurer en un coup d'œil sur un tableau de bord que tous les cadenas sur lesquels ils sont intervenus dans la journée sont bien verrouillés. Pour des raisons de sécurité, ils ne peuvent d'ailleurs pas être ouverts ou fermés à distance. La remontée de ces informations des cadenas nous permet aussi de nous assurer qu'un technicien n'est pas en train d'intervenir sur un poste source lorsque nous le remettons sous tension.

Comment ce projet a-t-il été mené à bien ?

Tout part d'un hackhaton organisé en 2016 sur plusieurs thèmes, notamment la prévention et la sécurité, et qui permettait à nos agents de proposer des innovations qui profiteraient à l'entreprise dans ces domaines. Le cadenas connecté était l'un des lauréats de cette édition. Nous avons ensuite fait passer ce projet par notre incubateur interne Fast Lab pour tester sa viabilité, avec l'aide externe de spécialistes de la géolocalisation et d'IBM pour les développements informatiques. Nous avons réalisé les premiers tests  et développements en 2017, et les avons amplifiés en 2018.  Avant d'organiser un appel d'offre obligatoire puisque nous sommes une entreprise de service public. Nous sommes en phase d'industrialisation du produit en 2019, avec l'ambition de le déployer notre cadenas dans tous les postes source de France avant la fin de l'année.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Il a fallu gérer les différences de calendrier entre l'espéré, l'escompté et le faisable. Avec d'un côté ceux qui pensent que le projet peut être mis en œuvre rapidement car nous avons identifié un besoin métier et que le retour sur investissement est intéressant. Et de l'autre les lenteurs de l'appel d'offres, les besoins de pédagogie auprès des équipes et le temps d'appropriation de l'objet par les agents sur le terrain.

Résumé du projet :

Pourquoi est-il innovant ?

"Jusqu'ici, dans une entreprise très lourde et industrielle comme la nôtre, l'électronique et la connectivité n'avaient pas encore été mis au service d'applications de sécurité."

Pourquoi est-il stratégique ?

"Ce projet embarque ceux qui sont le plus confrontés au risque de déception sur le numérique, c'est-à-dire les agents. On leur parle souvent de données ou d'IoT, mais jusqu'à présent, ils ne voyaient pas de traduction tangible dans leur métier."

Pourquoi est-il transformateur ?

"Nous avons pris conscience que le numérique pouvait contribuer à apporter de la valeur dans la façon dont une entreprise industrielle conçoit son métier, et que nous pouvions réaliser certains développements en interne."

Pourquoi il est accélérateur ?

"Il s'agissait de notre premier projet IoT. Désormais, nous n'aurons plus besoin de réaliser ce travail d'acculturation au numérique. Cela nous permettra d'aller beaucoup plus vite sur les prochains projets du même type."