Que faut-il penser de cette « super banque de l’industrie » annoncée par Nicolas Sarkozy ?

La nouvelle banque de l'industrie, dont la création a été annoncée le 18 janvier 2012 par le président de la République, espère mobiliser 20 à 25 milliards d'euros en faveur des PMI et des entreprises employant entre 250 et 5000 salariés.

Une réponse intéressante pour financer des opérations de transmission
ou de « build up »…

Au vu du contexte économique de la France, la création d’un fonds dédié à l’industrie et
piloté par OSEO - et donc l’Etat - est louable. Toutefois, il ne faut pas se leurrer car il ne
s’agit en définitive que d’une « excroissance » ou d’une spécialisation de l’existant : les
contrats de développement participatifs existent déjà au sein d’OSEO, et ils s’adressent à
tous les secteurs d’activité, y compris l’industrie.
L’ajustement de la fourchette d’intervention (à minima et à maxima) et l’allongement de
la durée du crédit à 8 ans, sont toutefois des réponses intéressantes et réelles qui
devraient permettre d’aider à la réalisation, soit d’opérations de transmission, soit de
« build up ». La parité entre l’apport du contrat participatif industrie et des contrats
bancaires va également dans le bon sens, sous réserve de trouver les établissements
financiers qui seront en mesure de monter sur ces opérations.
Il s’agit ici de la limite de l’opération, car sans banque, il n’y aura pas de prêt OSEO. Or,
les nouvelles réglementations bancaires (Bale III) et la crise du crédit actuel («credit
crunch») font que les ressources s’amenuisent et que les banques prêtent de moins en
moins malgré ce qu’elles veulent bien laisser entendre.
Tant qu’il n’y aura pas de moyens coercitifs de l’Etat vis-à-vis des banques ou la
possibilité pour OSEO d’intervenir seule, le problème ne sera pas résolu et nous
tournerons en rond.

… mais qui ne doit pas occulter les problématiques de compétitivité du
secteur.
Malheureusement, cela fait plus d’une décennie que nous avons perdu la bataille de
l’industrie française. Là où les Allemands ont réussi à consolider leur position avec l’aide
de syndicats proactifs, l’industrie française s’est enferrée dans ses acquis sociaux et les
35 heures. Les industries sont parties pour la plupart, et ne reviendront pas sauf sur des
marchés de niche, à forte valeur ajoutée.

Oui l’industrie est confrontée à un problème majeur : sa compétitivité et son
coût du travail par rapport à ceux des pays émergents.
Faute de rentabilité suffisante, il n’y a pas d’issue possible en l’état actuel (cf. Lejaby).
Seul l’abaissement du coût du travail – qui a été annoncée lors de la dernière conférence
de presse -, conjugué à une politique protectionniste ou favorisant la production
française, pourrait avoir un sens.
L’Etat peut mettre en œuvre tous les fonds dédiés possibles, s’il n’y a personne pour les
consommer, cela ne servira à rien. Cette mesure positive n’est pas à la hauteur des
enjeux économiques actuels, ne faisant que renforcer le rôle primordial d’OSEO dans le
financement, mais c’est bien peu.