La Réserve fédérale US a initié le processus d’« atterrissage en douceur de l’appareil »

La Réserve fédérale a initié le processus d’« atterrissage en douceur de l’appareil », ce qui laisse augurer une prochaine réduction des gaz. Ben Bernanke a donné les détails du plan de ralentissement puis de fin de QE3.

Aucun changement de politique monétaire n’étant attendu de la part du FOMC, personne n’a été déçu : la troisième vague d’assouplissement quantitatif (QE3) sera maintenue exactement au même rythme, soit des rachats mensuels de USD 40mds de titres adossés à des créances hypothécaires (mortgage-backed securities, MBS) et de USD 45mds de Treasuries à échéance éloignée. L’objectif des Fed funds reste compris dans la fourchette de 0 % à 0,25 %, niveau qui demeurera le sien tant que le taux de chômage restera supérieur à 6,5 %, sauf perspective d’accélération de l’inflation au-dessus de 2,5 % à un horizon de 1 à 2 ans. Cette décision, et il en va ainsi depuis le début de l’année, n’a pas été consensuelle. Esther George a ainsi fait entendre sa différence, craignant que « la poursuite d’une politique monétaire ultra-accommodante ne renforce les risques de déséquilibres économiques et financiers à venir, une situation susceptible d’entraîner à la longue une augmentation des anticipations d’inflation à long terme ». Une autre voix discordante s’est aussi, cette fois, fait entendre, celle de James Bullard, Président de la Fed de St Louis, selon lequel « le Comité [de politique monétaire de la Réserve fédérale] devrait exprimer plus vigoureusement la volonté de défendre son objectif d’inflation eu égard à la faiblesse récente des chiffres dans ce domaine ». La Fed a par ailleurs publié les nouvelles révisions des membres du FOMC (avec ou sans droit de vote) pour la croissance du PIB US, le taux de chômage, le rythme de progression du déflateur de la consommation privée (indice total et sous-jacent) ainsi que le timing probable du resserrement de la politique monétaire et le niveau du taux objectif des Fed funds sur les deux prochaines années. Depuis mars 2013, les révisions, quoique très graduellement, vont dans le sens d’un optimisme grandissant. Si les membres du FOMC semblent légèrement moins optimistes quant à la croissance PIB cette année, ils le sont davantage sur les deux prochaines années. Ils sont par ailleurs un peu plus confiants quant au rythme de recul du taux de chômage. Le ton du communiqué est lui aussi manifestement plus positif : « Le Comité estime que les risques à la baisse entourant les perspectives de croissance et d’emploi ont diminué depuis l’automne ». Le communiqué poursuit en ces termes : « les conditions prévalant sur le marché du travail se sont encore améliorées ces derniers mois ». Il faut par ailleurs noter la révision à la baisse des prévisions d’inflation qu’aucun membre ne prévoit au-dessus de 2,5 % à horizon des prévisions, la plupart d’entre eux tablant sur un maintien sous l’objectif de 2% de la Fed, pour cette année comme pour la suivante.

Ben Bernanke a souligné au cours de sa conférence de presse que, si pour l’heure, les membres du FOMC ne s’inquiétaient pas outre mesure de ce ralentissement de l’inflation, la poursuite d’une telle situation serait malvenue dans la mesure où elle entraînerait une hausse des taux d’intérêt réels et accroîtrait la probabilité d’une entrée en déflation et ralentirait le processus de désendettement. Pour certains, Ben Bernanke aurait rejeté un peu légèrement les risques liés à la décélération de la croissance des prix, qui a été marquée ces derniers mois. En mai, le taux annuel d’inflation était ainsi limité à 1,4 %, et à seulement 0,3 % en rythme annualisé sur trois mois. Une mesure plus étroite de l’inflation (telle que la mesure par la Banque du Canada, soit un indice qui exclut les prix des fruits, des légumes, de l’essence, du mazout, du gaz naturel, de l’équivalent-loyer des propriétaires de leur résidence principale, du transport interurbain et du tabac) est même en territoire négatif en rythme annualisé sur trois mois. Une telle tendance n’est certes pas encourageante, mais ne constitue pas, pour le moment, un risque.
Ainsi, il faut rappeler qu’une bonne part de la désinflation actuelle tient à un fort ralentissement du coût de la santé, un mouvement plutôt positif pour le revenu disponible des ménages. De plus, ne pas voir la Fed sur-réagir à des développements qui pourraient n’être que ponctuels, est une bonne chose, comme ce fut le cas lorsque l’inflation avait rapidement accéléré à la fin de 2011. Finalement, l’amélioration des perspectives de croissance ainsi que le recul du chômage sont des éléments permettant de nuancer le risque de voir l’économie plonger dans la déflation. Il convient également de noter qu’un membre a changé d’avis sur le timing approprié d’un resserrement monétaire : en mars, ils étaient quatre à estimer que 2014 était la date la plus indiquée contre trois seulement aujourd’hui.
Lors de la conférence de presse, le président Bernanke a déclaré que les membres du FOMC avaient largement débattu de la stratégie de sortie et que, pour le moment, le plan 2011 restait selon eux pertinent, sauf sur un point : au lieu de vendre les MBS, ils se contenteront désormais de les laisser simplement arriver à échéance. La conférence de presse a été, par ailleurs, l’occasion pour Ben Bernanke d’annoncer une grande nouvelle : la Fed va très probablement ralentir le rythme des rachats mensuels de titres « dès cette année », réduisant progressivement les injections de liquidités pour mettre un terme définitif à QE3 vers « le milieu de l’année prochaine ». Le taux de chômage devrait alors se situer autour de 7 %. Il a, néanmoins, souligné que cette réduction du soutien massif de la Fed à l’économie serait fonction des données et, notamment, des conditions monétaires et financières : le ralentissement de cette politique pourrait ainsi être différé, en cas de chiffres décevants, mais aussi inversé, la Fed se disant prête à accroître s’il le fallait ses achats mensuels de titres.

Conclusion

QE3 pourrait prendre fin plus tôt que prévu si la situation sur le marché du travail venait à connaître une amélioration notable.