De la névrose à la nécrose présidentielle : une communication de l’immobile

Suite à la dernière conférence de presse du Président de la République, force est de constater que le seul goût qui reste en bouche suite à ce grand moment de communication républicaine est celui de l’amertume, et, dans la tête, un silence abyssal en guise de réponse aux questionnements de chacun pour son quotidien.

Entre névrose et nécrose, le remède républicain social-démocrate sensé résoudre ou améliorer a minima les difficultés liées à la crise économique actuelle semble plus anxiogène que la cause elle-même. Quant à elles, les réponses présidentielles sonnent comme un tocsin fatal, le glas de nos dernières espérances vis-à-vis d’un avenir trop riche d’incertitudes.
A ce dispositif de communication, il ne fallait chercher aucune réponse au politico-drame Trierweiler, aucune réponse au fisc-gate de ce feu, et déjà regretté Secrétaire d’Etat, Thomas Thévenoud, encore moins de réponses ou d’indices supplémentaires pour savoir si les démangeaisons du pouvoir allaient réclamer au Président Nicolas Sarkozy de postuler à nouveau à la Présidence de la France afin de se voir offrir une espérance populaire nouvelle. En fin de conférence, les journalistes se sont levés laissant au sol leur cabas devenus trop lourds. Trop de questions, d’incertitudes et d’incompréhensions refrénées.

Une seule vérité semble se dégager de cet exercice : le droit, l’économie, les sciences, le sens, les valeurs… vont quitter l’une après l’autre ce monde devenu si superficiel pour se réinventer ailleurs. Ici, il n’y a plus que des artifices dont une certaine forme de modernité cherche encore à se parer comme ultime vernis. Mais tout cela n’illusionne plus. Plus personne ne cherche pas à savoir pourquoi l’esprit civique se perd quant aussi peu de bienveillance ne nous est accordé, quand tant de suffisance exacerbe le plus philosophe d’entre nous. Ne pas répondre et dire qu’il faudra le juger en fin de mandat est son droit. Est-ce son devoir ? La société zigzague en plein maelstrom démocratique dont les ballotages successifs en série tourneboulent la confiance et les espoirs de chacun. La société humaine s’éloigne chaque un jour un peu plus de ces effets de mise en scène institutionnels qui ne démontrent que l’incapacité des politiques et de nos représentants à faire ce qu’ils avaient dit.
Nous sommes devenus des voyageurs de l’immobile. La névrose nous guette car nous sommes contraints à livrer notre vie à des responsables qui manifestement ne le sont plus. Les pionniers démocrates de l’après guerre, tous ayant connu la guerre, ont voulu faire Europe, mais nous l’ont-ils pour autant apprise, expliquée ? L’héritage de l’Histoire.
Oui ! Certes. Mais pas suffisant car il est difficile, pour paraphraser encore notre Président, à nos politiques d’avancer quand ils ont oublié ce que c’était d’être parent, de faire les courses, de préparer les vacances, de s’en faire pour avoir un crédit… Le lot de notre quotidien et encore un quotidien pour les plus chanceux car souvent il s’agit plutôt d’urgences à traiter, des kilomètres à faire entre le boulot et la maison, des dossiers difficiles à monter, des démarches trop complexes à mener…
Demain, comme un nouvel Robin des Bois, un nouvel État de droit va se faire. Il se fait déjà.
Les expériences se démultiplient et prouvent un peu plus chaque jour que nos expériences, nos réussites n’ont que faire de ces gesticulations médiatiques. La France est désormais un grand pays non pas par sa représentativité présidentielle mais par une caractéristique fondamentale qui devrait être de ré-enchanter le monde.
Éducation ? Formation ? Création d’entreprises ? Imposition ? L’État a tout fait pour générer de l’immobilisme jusqu’à créer une assurance chômage et non une assurance à l’emploi. Cela aurait dès le départ changé la donne. Et si les compétences dans nos organisations devenaient des richesses plus que des ressources… Que tout cela serait devenu ? Il faut arrêter de nous dire que demain il fera plus beau. Il ne fera beau demain que parce que nous le voudrons toutes et tous plus beau. Nos formatages sont tellement faits d’idéologies dogmatiques que le plus intelligent d’entre nous ne sait même plus transgresser. Il faut oser l’intelligence collective et faire nos propres expériences dans le « oui, c’est possible ! ». Cela ne sera jamais pire que ce que nous avons tous entendu ce jeudi 18 septembre et offrira quelques élans nouveaux à défaut d’insuccès assurés. Il nous faut devenir des facilitateurs de destin, d’opportunités et d’ambitions.
Le manque de pédagogie à ne pas vouloir faire la France du XXIème siècle au profit de quelques précarrés hérités de la France industrielle et ouvrière du XIXème n’est plus tenable, de ne pas vouloir faire l’Europe alors que les guerriers étaient fatigués de trop de sang versé.

Que dire à nos enfants ?

Ils vont tous à Berlin, Madrid, Milan ou ailleurs en fonction du seul critère de prix du billet d’avion. Ils ne se demandent pas si le plus important à emporter est leur passeport. Le « plus facile et le plus rapide » a été fait.
Désormais le progrès se confond avec le profit. Et le profit avec la norme. Et la norme se veut universelle. Foutaises ! Alors ? Le gouvernement, au-delà de sa névrose, se nécrose car il a perdu toute ambition sociale, tout contenu politique, sans projet aucun de société. Mais dire cela ne veut pas dire pour autant que la droite a priori Sarkozienne puisse faire beaucoup mieux dans un futur proche.
Car… Il faut faire différent ! Il faut faire différent pour « le plus difficile » d’un avenir durable.
Un autre état de droit, d’échanges… Une autre manière de vouloir l’Histoire. Ainsi, il faut en appeler à la raison, à l’imagination et à la mémoire. Il faut appeler à un projet qui fasse société et qui rompe intelligemment avec la soi-disant universalité du modèle libéral. La société française n’est pas un tas de cellules malades, elle aspire à du mieux, du vivant et du libéré.