PMU restera-t-il un géant des paris hippiques ?

Alors que le PMU a réalisé en ligne de très belles performances du côté des paris sportifs pendant le Mondial, il en va tout autrement des paris sur les courses hippiques dont le déclin se confirme année après année.

Une perte d'attrait structurelle

Après une année 2013 en perte de vitesse, la diminution des enjeux hippiques se confirme sur 2014 avec une baisse de - 7%. Lentement mais sûrement, le Quinté + perd de son attrait : en ligne, il y aurait 488 000 comptes joueur actifs en 2014, contre 496 000 en 2013 selon le dernier rapport de l'Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL). Celui-ci insiste sur le contraste avec la dynamique des paris sportifs, seul segment des jeux d'argent en forte croissance : "Pour la première fois depuis l'ouverture du marché [2010], les paris hippiques ont enregistré sur l'ensemble de l'année moins de mises que les paris sportifs", en ligne comme en point de vente.

Au-delà de ces chiffres, le plus inquiétant est que le nombre de mises décroît plus vite que le nombre de joueurs : les parieurs restants misent moins souvent ou moins d'argent. Crise oblige ? Ce n'est pas certain. La raison ultime est double. D'une part, la masse de parieurs, traditionnellement âgée de plus de 40 ans, s'amenuise au fil des ans. D'autre part et surtout, elle ne se renouvelle pas suffisamment : PMU et les autres acteurs du turf ne parviennent pas à séduire un public plus jeune et beaucoup intéressé par l'offre de paris sportifs.

Les efforts conjugués du PMU auront eu jusqu'ici un succès tout relatif : campagnes publicitaires décalées pour renouveler l'image vieillissante des paris hippiques, développement d'une application dédiée, prise de paris simplifiée, création d'espaces PMU City, bonus de bienvenue pour les joueurs en ligne, tables tactiles, opération Dimanche au Galop...

La séparation des masses

Cet autre point risque fort de changer la donne pour le PMU. Jusqu'ici, les cotes et les tirelires sont établies suivant l'ensemble des mises en ligne et hors ligne. Dans la mesure ou le PMU détient le monopole des paris hippiques en point de vente, d'autres acteurs, à commencer par Betclic, ont considéré qu'il s'agit d'une concurrence déloyale. Cet avantage permet en effet au géant du turf de proposer des cotes plus stables et surtout d'importantes tirelires, deux arguments de poids pour les parieurs.

Insistant sur les éventuels bénéfices qu'en tirerait le consommateur, l'Autorité de la Concurrence a obtenu la séparation des masses en ligne et en point de vente du PMU avant le 30 septembre 2015. Ainsi, l'offre de paris en ligne diffèrera de celle en réseau physique, tout particulièrement au niveau du Quinté +, la marque phare. Il ne sera plus possible d'espérer toucher un gain de plusieurs millions d'euros grâce à la Tirelire en ligne (en revanche, la masse de parieurs étant bien plus importante hors ligne, le montant de la Tirelire physique ne devrait pas être trop affecté).

Le coup sera certainement dur pour le PMU : en plus de ne plus pouvoir faire de ses cagnottes un argument de vente, l'écart entre son offre et celle des concurrents comme Genybet et Zeturf devrait s'estomper. Surtout, cela risque d'être un handicap pour conquérir de nouveaux joueurs armés de smartphones et a priori plus enclins à jouer en ligne qu'au bar.

Un renouvellement via la big data ?

La dernière solution en date imaginée par PMU est de miser sur un "tracking système" mis en place dans quelques hippodromes et qui va être généralisé. Il s'agit d'une puce électronique placée sous la selle des chevaux permettant de relever une multitude de mesures durant les courses : vitesse, accélération, ... Tout comme sur le sport, les parieurs auront pléthore de statistiques à leur disposition pour établir leurs pronostics ou encore suivre certains chevaux, de quoi raviver la flamme.

Outre-Manche, l'intérêt pour les bookmakers de ces données a été rapidement compris : munis de celles-ci, il peuvent ouvrir des paris sur des sports virtuels, que ce soit des courses hippiques ou du cyclisme ou encore de la formule 1. Les parieurs peuvent s'appuyer sur des statistiques les aidant à placer leurs mises, puis un logiciel lance l'épreuve dans une simulation digne des meilleurs jeux vidéos. Ainsi, les paris hippiques ont pu résister à la concurrence des paris sportifs. Mais difficile pour un puriste d'y voir quoi que ce soit s'apparentant à du turf et pour la filière de ne pas y voir une menace...

Pour le moment, il n'est pas question pour le PMU d'ouvrir des paris sur des courses virtuelles, pour la simple et bonne raison que la législation française interdit ce type de jeu d'argent. Mais, de même que pour le poker, faudra-t-il en venir à modifier celle-ci pour que survive le turf ?