Transition énergétique : les entreprises françaises à la pointe

Qu’il s’agisse du bâtiment, de l’énergie ou encore des transports, elles sont nombreuses au sein de l’Hexagone à redoubler de créativité pour construire l’économie durable de demain.

Changer de paradigme énergétique

« La chaudière EnR de demain ! » (1) était reine lors du Salon BATIMAT qui s’est tenu à Paris entre le 02 et le 06 novembre 2015. Cette innovation signée GrDF et BoostHeat, mêlant gaz naturel et énergies renouvelables, symbolise les progrès d’entreprises françaises qui ont su négocier avec brio le tournant de la transition énergétique. La France, berceau du nucléaire, se métamorphose peu à peu en France des énergies renouvelables. Porté par des entreprises qui osent l’innovation, l’Hexagone s’érige en un pilier du modèle énergétique de demain. Grands groupes comme PME ont saisi leur intérêt stratégique à embarquer à bord de l’aventure verte.

C’est le cas de Bouygues et de sa rénovation technique des bâtiments par exemple. Dès 2007, un programme de construction de « GreenOffices » voit le jour et continue aujourd’hui de rencontrer un franc succès. C’est le lancement d’un défi majeur pour le groupe : celui de construire des bâtiments éco-performants, à énergie positive, puisqu’ils produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Un projet qui marche si bien que l’entreprise française devrait développer un éco-quartier entier à La Défense d’ici 2018-2019 (2). Cette volonté de proposer des initiatives énergétiques durables touche ainsi l’ensemble des secteurs.

Un engagement suivi aussi du côté des transports. Talonnée par la concurrence de l’aviation low cost et le développement de formes de mobilité alternatives comme le covoiturage, la SNCF voit dans le concept d’éco-mobilité une réelle opportunité pour relancer sa croissance tout en se positionnant pour l’avenir. Voulant elle aussi tirer son épingle du jeu de la croissance verte, le géant ferroviaire se donne pour objectif « l’excellence 2020 » ou devenir le premier « connecteur de mobilité ». (3) Ayant déjà développé l’auto-partage en gare, le groupe continue d’intensifier ses initiatives pour se positionner sur l’axe de la mobilité durable. La SNCF, en plus du train, ce « précurseur mésestimé de la mobilité électrique », selon le spécialiste des batteries Forsee Power (4), développe parallèlement ces modes de transports écologiques avec « Ouibus » par exemple. L’opérateur ferroviaire s’inscrit ainsi dans cette dynamique de transition énergétique en promouvant les transports en commun.

De partout, les acteurs économiques s’arment donc pour faire face à ces nouveaux enjeux et relèvent les défis allant de pair avec ce passage à l’économie durable. Si comme la SNCF, la responsabilisation passe par l’impulsion de pratiques comportementales écologiques chez les consommateurs, d’autres entreprises se positionnent sur un créneau plus technologique.

Le stockage d’énergie : enjeu de pérennité des énergies renouvelables

Qui dit énergies renouvelables dit nécessaires ajustements afin de maitriser leur production. Dès lors le stockage énergétique représente le défi fondamental pour le bon fonctionnement de notre futur modèle énergétique.

Rendre ces énergies fluctuantes disponibles et accessibles à tout moment, tel est le moteur des projets de grands groupes comme Engie, qui met en place un système baptisé « Power to gas ». L’objectif ? Trouver un modèle adapté remédiant à l’intermittence de ces énergies. Un projet reposant « sur le stockage de la surproduction des énergies renouvelables grâce à leur transformation en hydrogène ou en méthane de synthèse » (5) pour valoriser l’électricité « verte ». Celui-ci « permettra ainsi d’apporter une certaine flexibilité au système énergétique, à travers la production d’hydrogène, et de maximiser la part d’énergies renouvelables intégrées dans la consommation d’énergie française. » Des solutions techniques qui peuvent paraitre excessives pour le Parisien lambda, mais que l’on prend très au sérieux « dans la plupart des pays émergents, qui sont confrontés à des problèmes de disponibilité du courant et de la qualité de celui-ci, précise–t-on chez Forsee Power. Parfois même il n’y a pas de courant du tout. Il devient alors nécessaire de mettre en place un système de stockage d’énergie et d’autoconsommation, ce qui est non seulement possible aujourd’hui, mais surtout très fiable. On remarque en outre que les prix baissent très rapidement, ce qui rend ces systèmes abordables », explique Christophe Gurtner, PDG de Forsee Power (6). Face à l’afflux de commandes pour de tels systèmes, cette PME francilienne spécialiste des problématiques de stockage énergétique et intégratrice de systèmes de batteries, a d’ailleurs dû ouvrir de nouvelles chaines de production. Forsee Power a pour ce faire récemment inauguré une nouvelle usine en Seine et Marne (7), mais les besoins sont tels que l’entreprise envisage désormais de se tourner vers la Bourse pour ses prochains investissements. Une preuve que la désindustrialisation ne touche pas tous les secteurs.

La France en ordre de bataille

Les entreprises françaises deviennent des acteurs centraux de la performance énergétique, redoublant d’initiatives techniques pour innover en la matière. Un progrès reconnu à l’image de Bouygues qui a obtenu la triple certification HQE, LEED et BREEAM qui récompensent la performance environnementale des bâtiments pour son siège social « Challenger » basé à Guyancourt (Yvelines). Un évènement qui représente « la manifestation concrète de son ambition : être un leader dans le domaine de la construction durable, aussi bien pour les bâtiments neufs que pour les bâtiments à rénover », comme l’explique l'ex-PDG de Bouygues Construction Yves Gabriel (8). De son côté, Engie a été choisie par le gouvernement pour construire un parc d’hydroliennes dans le Cotentin, afin de prouver la viabilité et la rentabilité de cette nouvelle forme d’énergie. Un projet clé pour le développement de l’énergie hydrolienne sachant que la France « dispose du deuxième gisement énergétique hydrolien en Europe, après le Royaume-Uni » (9). La France est en effet dotée d’atouts naturels à exploiter, en plus d’énergéticiens de classe mondiale comme EDF ou Engie. 

Au confluent des volontés politiques, économiques et sociales, le passage à la croissance verte représente ainsi davantage une source d’opportunités industrielles et technologiques qu’une contrainte. Les entreprises françaises sont donc sur tous les fronts pour faire de cette transition énergétique un marché d’avenir, avec l’espoir et l’ambition de réinstaller durablement le France sur la scène industrielle mondiale.

(1)http://www.grdf.fr/espace-presse/communiques-de-presse/partenariat-boostheat-chaudiere-thermodynamique (2)http://www.greenunivers.com/2015/09/groupes-et-transition-energetique-bouygues-tout-feu-tout-flamme-dans-la-construction-durable-24-130373/ (3)http://www.greenunivers.com/2015/09/groupes-et-transition-energetique-la-sncf-met-le-turbo-dans-les-nouvelles-mobilites-44-130336/(4)http://www.journaldeleconomie.fr/Le-train-precurseur-mesestime-de-la-mobilite-electrique_a2071.html (5)http://www.engie.com/innovation-transition-energetique/gestion-intelligente-energie/power-to-gas/ (6)http://www.journaldeleconomie.fr/Christophe-Gurtner-PDG-de-Forsee-Power-les-raisons-de-notre-entree-en-bourse_a2914.html (7)http://www.usinenouvelle.com/article/forsee-power-se-renforce-dans-la-production-de-batteries.N361328 (8)http://votreargent.lexpress.fr/bourse-de-paris/bouygues-3-certifications-pour-le-batiment-challenger_1647379.html

(9)http://www.engie.com/innovation-transition-energetique/nouvelles-energies-renouvelables/hydrolien/