Instantané du généalogiste successoral à l’aube du XXIe siècle

Témoin des évolutions sociétales françaises mais aussi mondiales, le généalogiste successoral est confronté à la complexification de son métier. Malgré l’accès à une masse impressionnante de données numériques. L’internationalisation des recherches d’héritiers constitue un autre virage significatif de la profession. Explications.

Depuis 1830, le cœur de métier du généalogiste successoral, confronté à une dévolution successorale incomplète voire inexistante, reste la recherche et la représentation d’héritiers. Au fil du temps, la recherche d’ayants droit s’est étendue aux familles spoliées durant la dernière Guerre mondiale, aux bénéficiaires de droits d’auteur et, plus récemment encore, de contrats d’assurance vie en déshérence ou de comptes bancaires inactifs.


Au cours du XXe siècle, le métier a sans cesse changé de visage, façonné par les grandes évolutions de la société et de son unité fondamentale : la famille. Ainsi, sous l’effet conjugué de l’éclatement de la cellule familiale et de ses mutations, la recherche des ayants droit s’est considérablement complexifiée. Il y a 25 ans, rechercher des enfants ou des frères et sœurs relevait de l’exotisme. C’est, aujourd’hui, monnaie courante. Ces évolutions sociétales majeures rendent les dévolutions successorales (qui sont les héritiers ?) toujours plus incertaines. Les notaires ont beaucoup plus fréquemment recours à des généalogistes successoraux pour que soit vérifiée et confirmée la qualité des héritiers connus d’eux...

Dans environ une succession sur six, un héritier non initialement identifié est retrouvé… Le risque zéro de, par exemple, retrouver un enfant naturel, né loin de son père, sous le nom de sa mère et reconnu postérieurement, n’existe pas. Dès lors, réduire le périmètre de l’incertitude est indispensable notamment au regard de la judiciarisation de la société. Pour un professionnel, notaire ou administrateur judiciaire, mandater un généalogiste successoral, c’est garantir le règlement de la succession et opérer un transfert de responsabilité vers l’expert de la dévolution.

Le généalogiste successoral doit obligatoirement être couvert par de solides assurances professionnelles.


Une internationalisation galopante

Autre phénomène qui impacte les généalogistes successoraux : l’amplification des phénomènes de migration et d’expatriation. La France est, pour les populations, une terre d’accueil historique. L’Hexagone a connu différentes vagues d’immigration, des Italiens aux réfugiés espagnols, auxquels ce sont ajoutés les Portugais, les Polonais, les Africains du Nord et les boat people vietnamiens, pour ne citer qu’eux. Parallèlement, la dispersion des familles aux quatre coins du monde (en 2014, 1,68 million de Français vivaient officiellement à l’étranger) compliquent grandement l’identification et la localisation d’héritiers. Il n’est donc plus rare aujourd’hui de rechercher des ayants droit sur tous les continents ! La maîtrise des langues et des cultures étrangères est, dès lors, devenu un prérequis pour exercer le métier.

Plus que jamais, un bon généalogiste se doit d’être sceptique. Face à un arbre généalogique, il ne doit pas hésiter à repartir de zéro et à approfondir toutes les pistes. D’autant que peuvent prétendre à une quote-part de succession les parents du défunt, jusqu’au 6e degré !


Grâce à la dématérialisation, les généalogistes ont accès à de plus en plus d’informations. Les archives numériques qu’ils se sont constituées et celles ouvertes aux professionnels ou au public. Paradoxalement, si cette masse impressionnante de données, à portée de clic, permet dans une certaine mesure de limiter les déplacements, elle ne révolutionne pas les travaux d’investigation. Un bon chercheur est celui qui sait sélectionner ses sources et croiser les informations. Il dispose aussi d’une vision globale des sources françaises et internationales. Appuyer sur un bouton pour obtenir une dévolution successorale, qui plus est exhaustive, s’apparente toujours à de la science-fiction !

Si les nouvelles technologies n’engendrent que marginalement des gains de productivité, en revanche, elles bouleversent notre perception du temps. Le temps économique se raccourcit. Les dossiers, de plus en plus complexes, doivent être traités dans des délais toujours plus restreints. Rechercher des collatéraux privilégiés (frère, sœurs, neveux) au-delà de quatre mois est la marque d’un dossier difficile.

Les généalogistes doivent aussi être des juristes. Représenter les héritiers retrouvés permet aussi de raccourcir les délais de règlement des dossiers.


La réactivité a toujours été une compétence-clé du généalogiste successoral, elle est dorénavant une obligation impérieuse.