Expérience utilisateur : emmener le crowdlending vers une nouvelle étape de croissance

Les plateformes de financement participatif se sont imposées comme une alternative aux banques traditionnelles, mais devront désormais affronter les GAFA qui lorgnent le secteur.

D’après le Cabinet McKinsey, les bénéfices des grandes banques pourraient chuter de 20 à 60% d’ici à 2025. Ces chiffres ne sont pas surprenants. Le secteur bancaire s’est longtemps cru à l’abri de l’ubérisation qui frappait les autres secteurs. Protégé par une réglementation très stricte, ce secteur a toujours présenté de fortes barrières à l’entrée, liées à l’exigence d’une marque forte et rassurante. De plus, afin d’apporter un meilleur service aux utilisateurs, les banques ne pouvaient se passer d’un réseau d’agences au niveau local, avec une main d’œuvre qualifiée et abondante, nécessitant ainsi des investissements très importants. Internet est venu révolutionner ce modèle physique en créant un lien direct avec les clients et en offrant de nombreux avantages : frais réduits, carte bleue gratuite, accessibilité 24 heures sur 24 et un gain de temps en supprimant la nécessité de se déplacer. Ne souhaitant pas être en reste et heureuses de bénéficier de nouveaux clients pour un coût réduit, les banques ont alors créé leur version en ligne avec un nom différent, comme pour se distancier de ce modèle en ligne et préserver leur "base installée". Elles ont, dans le même temps, gardé leur manière de fonctionner, frais élevés et pratiques opaques, sans en changer d’un iota.

L’irruption des fintech : les nouveaux experts

A la faveur de la loi de 2014 sur le financement participatif, autorisant les particuliers à financer d’autres particuliers ou entreprises, les banques ont fait face à de nouveaux entrants : les fintech. Ces dernières, centrées dans un premier temps sur l’offre de crédit, ont su développer des propositions attractives, répondant aux besoins des utilisateurs. Elles apportent aujourd’hui des opportunités de  rendement optimal aux investisseurs, et sont de plus en plus encadrées et réglementées. 

Evolution notable, dès le 1er octobre prochain, les particuliers pourront consacrer 2000 euros à chaque projet au lieu de 1000 précédemment. Les 483 projets de PME financés en 2016 pour 55 millions d’euros confirment que les incidents recensés ces derniers mois n’ont pas entamé le dynamisme de ce secteur. Les risques sont faibles. En prêtant des montants modérés sur chacune des nombreuses plateformes communautaires, les investisseurs sont en mesure de lisser le risque et d'optimiser leurs gains. Les garanties sont là pour rassurer les utilisateurs. En effet, les plateformes sont adossées à des prestataires de paiement, eux-mêmes régulés. Ces derniers sont légalement obligés d’assurer les flux financiers des sites, même si ceux-ci font défaut. Certaines vont encore plus loin: ainsi Credit.fr demande notamment des comptes certifiés par un expert-comptable, ainsi que quatre années d’exercice.

Les banques à l’assaut des Fintech pour intégrer leur capacité d’innovation

Contrairement aux Etats-Unis, 85% du marché français du crowdlending est financé par les particuliers et cette tendance devrait bientôt s’inverser avec des investisseurs institutionnels, dont les banques. Celles-ci se rapprochent de plus en plus des plateformes, non seulement pour se positionner sur un marché en pleine croissance, mais aussi pour intégrer leur formidable capacité d’innovation. Un mouvement de consolidation est déjà à l’œuvre. Il se traduira par l’émergence de quelques plateformes leaders. Celles-ci coopéreront avec les acteurs financiers traditionnels tirant ainsi parti de synergies considérables. 

Pourtant, un autre danger est sur le point d'apparaître. Les GAFA projettent de se lancer dans les services financiers. Ces sociétés ont pour réussir un avantage considérable. Elles disposent en effet de données utilisateurs gigantesques, le carburant essentiel pour améliorer l’expérience utilisateur. Face à cette menace, les banques sont conscientes qu’elles doivent se remettre en question et intégrer le digital encore plus profondément dans leur ADN. 

Le crowdlending de son côté doit accélérer son développement en séduisant les investisseurs de manière plus offensive et en améliorant leur expérience grâce aux nouveaux outils de Big data et de Data Analytics. Il sera également possible d'offrir aux utilisateurs des projets en relation avec leur profil et leurs affinités. La possibilité de constituer des communautés d’investisseurs en sera renforcée. Des communautés encore plus segmentées seront possibles, mixant ainsi réseau social et plateforme de financement. Engagement, fidélisation, inspiration sont ainsi les mots clés de ce crowdlending nouvelle génération, appuyé par la force de frappe des investisseurs institutionnels. L’expérience utilisateur est le nouveau grââl du crowdlending, il est urgent d’en exploiter toutes ses possibilités.