Des logements pour les talents internationaux du numérique

Les entreprises redoublent de créativité pour mettre en place les conditions les plus avantageuses et personnalisées possibles pour attirer et fidéliser leurs talents. Mieux, elles développent un arsenal d’initiatives consolidant leur marque-employeur, parmi lesquelles le logement apparaît clé de voûte.

Au lendemain des conclusions de l’étude SOS Racisme rendue publique en mai dernier, issue d’un an d’investigation, l'organisation indique que 88% des propriétaires et 68% des agents immobiliers observent des pratiques discriminatoires. "Un profil asiatique a 15 % de chance en moins d'avoir un logement qu'une personne d'origine française ancienne, une personne d'origine maghrébine a 28 % de chance en moins et une personne ultramarine ou d'Afrique subsaharienne a 38 % de chance en moins."

Pour l'étranger, se loger est un parcours du combattant, quand bien même son aspiration est de  participer à la création de valeur nationale. Car nous parlons bien de ces talents que la France n’arrive pas à fabriquer en nombre suffisant.  Ces compétences exigées par la croissance digitale, dont la pénurie a augmenté de 30% de 2018 à 2019 ; ces ingénieurs pour coordonner ces talents et orchestrer la transformation digitale des uns et des autres, phénomène salué par l’hyper-croissance des Entreprises de Services Numériques en tous genres.

N’en déplaise à Xavier Niel et à cette excellente initiative qu’est l’Ecole 42, la croissance est supérieure à la création de talents hexagonaux. Bravo Google, bravo Qonto dont le pourcentage de travailleurs étrangers dépasse 30% des effectifs en France. Ces derniers ont compris que la clé de l’excellence, c’est la diversité ! Parce qu’une équipe composée d’un chinois, d’un coréen, d’un français, d’un marocain, innovera plus qu’une équipe de 4 français, car l’interculturalité est créative.

Paris l’a bien compris : la région s’emploie à dynamiser l’accueil des étrangers, c’est l’avènement du French Visa Tech, fer de lance de France Digitale. Dans les sphères financières, est évoquée l'harmonisation de la fiscalité européenne des BSPCE, car il faut bien compenser les petits salaires de la Tech pour attirer ces talents.

Les politiques ont pris le sujet en main mais sur le terrain du marché immobilier, rien ne change.

Pourtant, ce terrain pourrait être porteur d'espoir. Cette étude a déjà fait couler son lot d’encre. Il est possible d’immigrer en France pour apporter son savoir, d’où que l’on vienne et d’obtenir un logement adéquat. C’est la liberté du propriétaire de saisir la main qui lui est tendue pour redonner du sens à son acceptation d'un dossier.  Et, là où la profession des agents immobiliers fait partie des plus mal aimées des Français, nous pourrions prêter une quête de sens à ces derniers.

Les entreprises aussi l’ont bien compris. Elles redoublent de créativité pour mettre en place les conditions les plus avantageuses et personnalisées possibles pour attirer et fidéliser leurs talents. Mieux, elles développent un arsenal d’initiatives consolidant leur marque-employeur, parmi lesquelles le logement apparaît clé de voûte. Accueillir des talents étrangers devient un sujet majeur pour nos pépites en forte croissance.

Le propriétaire et l’agent immobilier doivent comprendre rapidement à quel type de talents ils peuvent avoir affaire. Le secteur de l’immobilier est encore à éduquer, ne jurant que par les souhaits de propriétaires qui ne tendent pas forcément vers la diversité dont notre économie a besoin. De belles et salutaires initiatives voient le jour, comme la caution locative, proposée par certains acteurs qui se portent garants pour des particuliers, notamment étrangers.

Répondre à la mondialisation des talents ne passera pas par un repli. Pour pouvoir faire bénéficier à la France de leurs connaissances, venus des quatre coins du globe, ils ont d’abord besoin, comme tout un chacun, besoin d’un toit.