Les assureurs-vie, prochaines victimes de la crise Les failles du système

cnp assurances a utilisé 19% de ses réserves de gains.
CNP Assurances a utilisé 19% de ses réserves de gains. © JDN

Les scénarios catastrophe ont cela de rassurant qu'ils sont souvent considérés comme improbables. Et c'est pour cela que les assureurs-vie n'hésitent pas à garantir (sur leurs fonds propres) le capital déposé sur les fonds en euros alors que ces fonds peuvent connaître des variations à la baisse.  

Pourtant, en la matière, le risque n'est pas nul, comme l'a prouvé l'américain AIG, qui avec ses 1 400 milliards de dollars d'encours en assurance-vie a heureusement été sauvé par Washington.  

Plusieurs facteurs encouragent à la plus grande vigilance. D'abord, on l'a dit, la faiblesse du montant des liquidités. Celles-ci composent une part minime des différents fonds investis mais, de plus, les piètres rendements de 2008 n'ont pas permis d'en accumuler de supplémentaires.

Pire, bon nombre de sociétés ont dû puiser dans leur provision pour participation aux excédents (PPE) pour offrir des rendements à la hauteur des attentes de leurs clients. CNP Assurances a ainsi prélevé 19% de sa PPE l'an dernier, un "prélèvement limité", estime le groupe dans son rapport d'activité. Il est vrai que chez GMF Vie, la direction a admis avoir utilisé 40% de sa PPE "pour hisser notre taux à 4,40%". Suravenir, filiale du Crédit Mutuel, est, elle, allé jusqu'à piocher 54% de sa réserve. Enfin, certains assureurs comme Afer n'avaient encore récemment tout simplement pas de PPE. Ou n'en n'ont toujours pas.

Autre danger, avec des fonds majoritairement composés d'actions et d'obligations, les assureurs sont exposés aux fragilités du marché. Si l'on peut considérer les obligations d'Etats comme quasi sûres (l'Islande nous rappelle que tout peut arriver), celles des grandes entreprises le sont moins qu'avant. (Cette fois, c'est General Motors qui nous le rappelle).

Enfin, les exigences de transparence des assureurs-vie et de leur fonds en euros ne sont pas aussi drastiques que celles des banques. Pendant combien de temps un assureur pourrait-il masquer ses pertes, quitte à utiliser les fonds récoltés auprès de certains clients pour en rembourser d'autres ? Des pratiques bien entendu malhonnêtes qui pourraient discréditer tout un secteur.