Charles Milhaud (Ex-président des Caisses d'épargne) "Mon éviction est surtout due au jeu de mes successeurs"

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Charles Milhaud. © T. Grogny  

Après des pertes de trading de  75 millions d'euros, le conseil de surveillance vous évince le 19 octobre 2008, en pleine crise financière. Votre renvoi était-il un symbole nécessaire pour l'opinion ?

Charles Milhaud. Je ne crois pas. Le soir même de la découverte des pertes, je rencontre le gouverneur de la Banque de France. Trois jours plus tard, le vendredi matin, je suis avec les présidents de Caisse d'épargne. Tous comprennent ce qui s'est passé. La suite, c'est une manipulation orchestrée par certains : ils ont fait croire que l'Etat interviendrait si aucune décision n'était prise à l'encontre des dirigeants. Car mon éviction est surtout due au jeu de mes successeurs, en association avec Philippe Dupont, le président des Banques populaires. Dupont s'est dit qu'il serait plus facile de négocier la fusion entre nos deux banques avec Bernard Comolet comme président et Alain Lemaire comme directeur général plutôt qu'avec Milhaud et Mérindol (le directeur général d'alors, ndlr). Il aurait mieux valu raison garder et faire comme à la Société générale (où Daniel Bouton est parti après plusieurs mois, ndlr).

Plus tard, les pouvoirs publics se sont rendu compte que la fusion n'avançait pas et que mes successeurs ne faisaient rien pour. Si les Caisses d'épargne avaient proposé des dirigeants dignes de ce nom, la question ne serait pas posée de la même façon. Il y a eu, disons le, un putsch, sous couvert de changement. Je pense qu'il était certainement nécessaire que je m'en aille compte tenu de la campagne de presse contre moi. Mais certainement pas dans ces conditions et en préparant mon remplacement de façon plus judicieuse.