Charles Milhaud (Ex-président des Caisses d'épargne) "Personne ne s'attendait à ce que les Caisses deviennent si importantes"

Selon vous, quand on vous a évincé, à qui en voulait-on le plus ? A Charles Milhaud le personnage ou à sa stratégie à la tête des Caisses d'épargne qui empiétait sur des près carrés bancaires ?

Charles Milhaud. A Charles Milhaud même. Ce sont les membres du conseil de surveillance qui prennent la décision de m'évincer, sans trop se poser la question des problèmes que cela va engendrer. Comme j'étais à un an de la retraite, certains des membres se préoccupaient de savoir qui allait me remplacer. Ce dimanche d'octobre, nous sommes un mois après la chute de Lehmann, on craint une déconfiture totale du système financier. Et comme j'annonce que la crise nécessite d'accélérer la fusion avec les Banques populaires, cela offre un climat favorable à Bernard Comolet et à Alain Lemaire pour prendre le pouvoir.

Mais il est vrai aussi que l'ensemble du système bancaire français ne s'attendait pas à ce que les Caisses d'épargne deviennent en si peu de temps un établissement aussi important. J'en veux pour preuve que lorsque je prends les responsabilités du groupe, elles font 400 millions d'euros de bénéfices net et près de 2,4 milliards en 2007. Mais les institutions ne m'ont jamais lâché.