Les extraits de "Qui veut la peau de l'Ecureuil ?" Sa chute : "Le conseil de surveillance n'a pas réfléchi aux conséquences "

Six jours après la découverte des pertes, un conseil de surveillance est convoqué dans l'urgence le dimanche, à la suite d'une campagne médiatique intense et d'un pouvoir exécutif, Nicolas Sarkozy en tête, qui demande que les banquiers prennent leurs responsabilités.

charles milhaud estime que son conseil de surveillance a été mal inspiré de
Charles Milhaud estime que son conseil de surveillance a été mal inspiré de l'évincer. © Press Master - Fotolia.com

« Dans la tourmente entretenue, les Caisses régionales s'interrogent. Elles s'interrogent d'autant plus que certains de leurs dirigeants voient là une opportunité qui ne se représentera pas : prendre la place des deux principaux dirigeants du groupe et réduire les pouvoirs du chef de réseau, la Caisse nationale des Caisses d'épargne, " pouvoir centralisateur ", disent-ils.

Tous ceux qui me font face autour de la table ont pris connaissance de l'audit interne livrant les premiers éclairages sur les conditions de cette perte. Cet audit, ordonné dès le lundi 13 octobre à l'inspecteur général par moi-même et le directeur général, Nicolas Mérindol, signale un dysfonctionnement de la ligne hiérarchique qui n'a pas su arrêter les opérations d'un trader dissimulateur.

"Il était absurde de me faire porter la responsabilité."

Ce premier rapport strictement confidentiel, réalisé en interne pour le conseil de surveillance de la Caisse nationale (rapport d'étape sur les pertes enregistrées sur les portefeuilles compte propre de la direction finance groupe) est signé par l'inspecteur général Jean-Christian Metz. Il est rédigé à destination des membres du conseil, mais j'ai très vite le sentiment d'y trouver de nombreux éléments à charge. Un peu comme si ce document, réalisé dans l'urgence, sans que l'étendue des dégâts soit d'ailleurs connue, avait été mis au point pour souligner des procédures défectueuses, certes réelles, mais sans les expliquer.

Or, ce sont précisément ces explications indispensables qui auraient dû inciter les membres du conseil à plus de mesure dans leur jugement et leur appréciation du problème. En clair, ils auraient dû attendre que l'inspection de la Commission bancaire fournisse son rapport. Mieux informés, ils n'auraient sans doute pas voté mon éviction avec autant d'empressement, car ils auraient compris qu'il était impossible, voire absurde, de me faire porter la responsabilité de cette affaire. Et en tout cas, certainement pas de la manière dont ils l'ont fait, c'est-à-dire sans réfléchir aux conséquences que cela pouvait avoir pour le groupe. »