Les causes de la crise à Dubaï La folie des grandeurs d'un petit Etat

dubaï détient de nombreux records immobiliers, comme celui de plus grand hôtel
Dubaï détient de nombreux records immobiliers, comme celui de plus grand hôtel du monde. © Pierre Naftalski

Dépourvu d'importantes réserves de pétrole, contrairement à la plupart de ses voisins, Dubaï a fait très tôt le choix de miser sur les services. Idéalement situé entre l'Inde, l'Afrique et l'Europe, le petit Etat s'est construit avec ses faibles ressources d'or noir le plus grand port artificiel en eau profonde du monde. Dans les années 80, il y crée des zones franches et lance des projets d'infrastructures pharaoniques. Pour accélérer cette métamorphose, l'émir de Dubaï identifie six secteurs prioritaires : le tourisme, la construction, la finance, les services professionnels, le transport et le commerce. Ce sont des entreprises d'Etat qui sont à la manœuvre.

Plan stratégique

La mayonnaise prend si bien qu'entre 2000 et 2005, Dubaï aligne une croissance annuelle de 13%, supérieure à celle de la Chine ou de l'Inde. Les constructions impressionnent par leur démesure et à partir des années 2000, l'afflux de capitaux étrangers encourage l'émirat à poursuivre dans cette voie. En 2005, le pays dévoile un plan stratégique. Son objectif ? Une croissance de 11% par an et un PIB de plus de 100 milliards de dollars à l'horizon 2015. A cette époque, le pétrole ne représente déjà plus que 5% du PIB total et les services 73%. Pour passer ce cap, Dubaï ouvre grand ses portes aux étrangers. Tant et si bien qu'aujourd'hui, les expatriés représentent 80% des 1,7 million d'habitants.

Le pays se targuait de monopoliser 25% des grues disponibles dans le monde.

Jusqu'en 2008, la croissance flirte avec les 10% annuel. Cette année là, alors qu'une récession mondiale s'abat sur la planète, l'émirat ne tempère pas les ardeurs de bâtisseurs de ses entreprises nationales. Au contraire. Les chantiers grandioses déjà engagés commencent à aboutir et des projets de plus en plus déments sont annoncés. Déjà en 2006, le pays se targuait de monopoliser 25% des grues disponibles dans le monde. Bref, jusqu'à cet automne, la finance mondiale était morose, mais Dubaï continuait de flamber.