Eric Charpentier (Morning) "Payname devient Morning et va lever 10 à 15 millions d'euros"

L'application de cagnotte et de paiement entre particuliers change de nom et de modèle, pour muer en "néo-banque". Son PDG Eric Charpentier décrypte sa stratégie.

Eric Charpentier. © Morning

JDN. Vous annoncez un changement de nom mais aussi un nouveau modèle. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Eric Charpentier. Nous amorcerons la transition vers une nouvelle marque fin septembre : Payname va devenir Morning, car nous voulons être une société qui réveille la banque. Morning va devenir une néo-banque à part entière.

Jusqu'ici, vous donniez la possibilité de créer une cagnotte ou de faire du paiement peer-to-peer. En quoi Morning va-t-il se différencier de Payname ?

Désormais, les utilisateurs pourront aussi ouvrir un compte avec IBAN et avoir une carte associée. Ils pourront l'alimenter depuis un autre compte ou en y déposant directement leur salaire. Ils auront donc accès aux services classiques d'une banque mais aussi à des services plus innovants sur la même plateforme. Les utilisateurs ont la main sur tout : ils peuvent activer ou désactiver facilement la possibilité de faire des achats en ligne, le paiement NFC, ils voient les dépenses apparaître directement sur mobile… On sort d'une logique de relevé bancaire pour passer à un format timeline plus social : l'utilisateur voit les opérations, peut interagir dessus (partager le paiement, l'affecter à un autre compte bancaire lié à l'application…).

Quel est votre business model ?

Toute l'offre réservée aux particuliers est gratuite. Mais nous proposons un produit similaire pour les pros, notamment les associations ou petites entreprises. Par exemple, une association peut créer une page en ligne avec son IBAN pour récolter facilement les adhésions. Nous prélevons alors une commission de 1,6% sur l'encaissement réalisé sur la page de paiement.

"Nous sortirons une carte premium payante en 2017"

Comme toutes les banques nous nous rémunérons aussi sur l'utilisation de la carte bancaire, avec une commission de 0,2% pour les particuliers et 1% pour les professionnels. En 2017, nous sortirons aussi une carte premium payante, avec des assurances pour les achats en ligne et les achats entre particuliers ainsi que la perte et le vol de données personnelles. Elle coûtera entre 30 et 40 euros par an.

Vous avez levé 5 millions d'euros en septembre 2015, principalement auprès de MAIF Avenir. Préparez-vous un nouveau tour de table ?

Une nouvelle levée de fonds est en cours et aboutira avant la fin de l'année. Nous comptons lever entre 10 et 15 millions d'euros, pour des enjeux réglementaires notamment, car le régulateur réclame des fonds propres importants. Nous allons aussi investir dans la communication et renforcer l'équipe de cinquante à une centaine de personnes d'ici un an.

"Nous espérons être rentable en 2016 ou 2017"

Quand espérez-vous être rentable ?

A priori, en 2016 ou 2017. On veut démontrer qu'un nouvel acteur bancaire peut exister en France.

Vous disposez de l'agrément d'établissement de paiement depuis juillet 2015 mais pas de celui d'établissement de crédit. Comptez-vous l'obtenir pour proposer des produits d'épargne ?

Nous ne pouvons en effet pas encore proposer de produits d'épargne mais d'ici la fin de l'année nous amènerons de nouvelles façons de financer les projets, dans la logique de l'épargne, avec du crowdfunding entre particuliers par exemple. Nous allons nous demander comment financer par la foule et juxtaposer différentes solutions pour que le recours au crédit bancaire soit limité. Puis on ira chercher l'agrément d'établissement de crédit en 2017 afin de proposer une offre complète à nos clients mais aujourd'hui celui d'établissement de paiement nous suffit.

Combien comptez-vous d'utilisateurs et quels sont vos objectifs ?

L'application compte un peu moins de 60 000 utilisateurs. Nous comptons franchir la barre des 100 000 d'ici la fin de l'année et émettre au moins 15 000 cartes.

Diplômé d'un master AES de l'université de Toulouse, Eric Charpentier a notamment dirigé l'agence en ligne de services pour le ménage et repassage Dweho de 2007 à 2011 avant de créer Payname, rebaptisé Morning, en 2013.

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