Paiement fractionné : l'espagnol Pagantis débarque en France

Paiement fractionné : l'espagnol Pagantis débarque en France Cette fintech basée à Barcelone propose une solution de paiement en deux ou trois fois aux PME. Elle souhaite ouvrir un bureau à Paris et recruter une dizaine de collaborateurs d'ici un an.

Près d'un Français sur deux a utilisé des facilités de paiement dans les 12 derniers mois, d'après l'étude "Les habitudes de paiement des Français", réalisée par OpinionWay pour Banque Casino. Des chiffres qui poussent les e-commerçants français à s'équiper de solutions de paiement en trois ou quatre fois proposées par des Oney, Banque Casino ou encore Cetelem et… l'espagnol Pagantis qui a débarqué en France début octobre. Fondée à Barcelone en 2011 par un Suédois et un Français, cette fintech connue sous le nom de Paga + Tarde (payez plus tard en espagnol) propose des solutions de paiement fractionné et de crédit court terme.

Contrairement à ses homologues français, la jeune société propose du paiement en deux ou trois fois, au lieu du trois ou quatre fois. Chez les acteurs traditionnels français, la première transaction est réalisée le jour J (par exemple le 22 octobre) et les suivantes tous les 30 jours (22 novembre, 22 décembre…). Chez Pagantis, la première transaction est effectuée le jour J, puis la seconde le 31 du mois suivant. "Nous préférons cette approche car les gens ont en général perçu leur salaire au 30 ou 31 du mois. On est plus sûr d'être payé", justifie Mohsen Dajani, country manager France de Pagantis. Problème : la fintech ne peut pas aller jusqu'à du 4 fois car le dernier versement dépasserait les 90 jours. Au-delà de cette période, ce paiement serait soumis aux dispositions encadrant le crédit à la consommation.

"On va commencer par les petites entreprises françaises qui font 1 ou 2 millions de CA"

A l'instar de la majorité de ses concurrents, Pagantis met à disposition sa solution sous forme d'API et a mis au point un algorithme de détection de fraude et d'évaluation du risque. Elle se démarque en s'adressant uniquement aux PME alors que les acteurs historiques français se focalisent sur les grands marchands, plus rentables. Pagantis vient donc directement concurrencer Alma, jeune fintech française lancée début 2019 et qui a levé 3,3 millions d'euros à l'été dernier

Vers du paiement en 12 fois

En France, la start-up catalane s'est lancée avec Rise of Gunpla, une boutique en ligne de maquettes de personnages issus d'une franchise d'animation japonaise. "Maintenant notre but est de passer à l'échelle, on va commencer par les petites entreprises françaises qui font 1 ou 2 millions de chiffre d'affaires", indique le dirigeant, qui ira aussi chercher les e-commerçants espagnols qui ont développé du business en France. Côté tarification, Pagantis facture une commission comprise entre 0 et 2,5% de commission avec frais (le client a donc aussi des frais) et ne donne pas de fourchette pour le sans frais. A titre de comparaison, Alma prend 1,9% de commission avec frais et 3,8% pour le sans frais. "On investit, on ne cherche pas être profitable", avoue Mohsen Dajani, qui compte sur le financement de sa maison-mère, qui a levé 65 millions d'euros en mars 2019 et dont l'offre de crédit à court terme en Espagne peut aller jusqu'à 35% de taux d'intérêt. Pagantis revendique aujourd'hui 3 500 clients en Espagne, France et Italie. 

Pour conquérir les marchands français, la fintech va notamment s'appuyer sur des éditeurs partenaires comme Magento, Prestashop ou encore Shopify. Pagantis cherche aussi à nouer des partenariats avec des banques françaises pour fournir sa solution en marque blanche. La start-up catalane va recruter une dizaine de personnes en France d'ici septembre 2020 et chercher un bureau dans le centre de Paris. "Le marché du paiement est très spécifique. Quand on se développe dans un pays étranger, il faut avoir une présence locale", estime Mohsen Dajani. Le paiement fractionné, qui ressemble à du crédit, implique de définir des profils de défaut et de fraude. En France par exemple, il n'existe pas de fichier positif des crédits à la consommation, ce qui rend plus difficile la création d'un moteur de scoring. La star suédoise Klarna peine notamment à percer en France.

Pagantis a d'autres projets dans les cartons pour la France. Elle envisage par exemple de proposer du paiement en 12 fois en 2020. Un produit qu'elle propose déjà en Espagne grâce à son agrément d'institution de paiement auquel peut se lier une ligne de crédit. Même si son agrément peut être passeporté dans toute l'Union européenne,  la start-up espagnole (soumise aux dispositions du droit français) est sous la surveillance l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) dans le cadre de l'offre de sa solution. En France, Banque Casino (qui a une licence d'établissement de crédit) propose du paiement en 10 fois depuis début octobre 2019. La jeune pousse Alma envisage de faire du paiement en 12 fois. Pagantis songe aussi à proposer une solution de paiement fractionné en point de vente physique, mais ne donne pas encore d'échéance.