E-commerçants : voici comment gérer le risque de crédit

Depuis le 17 mars, plus de 300 000 commerçants français ont du changer leur façon d'échanger avec leurs clients, notamment en vendant en ligne. Face à cette situation exceptionnelle, les places de marché sont confrontées à un afflux de contestations de paiement et de remboursements, pouvant mettre en cause leur sécurité financière.

Plus que jamais : la trésorerie est le nerf de la guerre des entreprises. Et dans ce contexte exceptionnel, elle requiert un pilotage fin et méticuleux.

L’enjeu est crucial

La plupart des marchands et des prestataires de services doivent régulièrement faire face à des contestations de paiement et à des remboursements.  Toutefois, ils disposent en général de la trésorerie nécessaire pour les couvrir. Mais selon une étude KPMG, les factures impayées ont presque doublé depuis le confinement le 17 mars : près de 3,5 factures sur 10 étaient échues depuis plus de dix jours le 10 avril contre 1,9 sur 10. 

Si les entreprises ne se protègent pas prochainement, elles risquent la faillite. Bien qu’il n’existe aucun moyen d’éliminer complètement le risque de crédit des marchands et prestataires de services, il faut être en capacité d’évaluer et gérer l’exposition.

Il est important de noter que le risque de crédit est différent de la fraude. Si les deux entraînent des pertes, la distinction concerne l’intention. Les fraudeurs n’ont pas l’intention de payer des biens ou des services. Ils se font passer pour des clients légitimes en utilisant des cartes bancaires et des numéros de cartes volés. Le risque de crédit, en revanche, tend à se manifester par des marchands ou des prestataires de services qui ont l’intention de fournir des biens ou des services mais qui manquent de ressources financières pour résister à une baisse de leur activité. Ils accumulent ainsi davantage de demandes de remboursements et de contestations de paiement, et risquent de déposer potentiellement le bilan. Le résultat ? Votre plateforme doit de l’argent aux clients finaux sans jamais avoir été fournie.

Engager le processus

Si les entreprises doivent revoir leur plan de sortie de crise, la première étape consiste à connaître les profils de risque des marchands et des prestataires de services qui utilisent votre plateforme ou votre place de marché. Plus l’information sera recueillie, mieux l’évaluation du risque permettra de préserver la santé financière des plateformes. Par exemple, en se basant sur l’activité financière des marchands et vendeurs, il est possible d’identifier les comptes les plus susceptibles de rencontrer des problèmes de trésorerie et d’avoir des soldes négatifs.

Les indications de risque peuvent inclure un ou plusieurs de ces facteurs :

  • Industries avec des créneaux de livraison plus longs
  • Nombre de litiges élevé
  • Taux de remboursement élevé
  • Diminution importante du volume 
  • Exposition aux industries à haut risque liées au Covid-19 
  • Solde négatif 

Se prémunir pour (mieux) guérir

Pour survivre dans ce contexte particulier, les e-commerçants doivent commencer à gérer leur exposition au risque de manière proactive. Pour éviter toute future catastrophe, ils disposent de cinq options pour gérer le risque de crédit de leurs marchands ou prestataires de services :

  • Optimiser l’évaluation du risque lors de l’inscription : veiller à recueillir suffisamment d’informations sur les biens et services proposés afin de pouvoir déterminer s’ils appartiennent à une catégorie à haut risque.
  • Retarder ou ralentir les virements pour les comptes les plus risqués : cela réduit la probabilité de contestation de paiement et de remboursement car vous pouvez confirmer que les clients finaux ont reçu ce pour quoi ils ont payé avant de débloquer les fonds.
  • Mettre à jour les méthodes de remboursement : deux options existent. Certains marchands ou prestataires de services peuvent vouloir traiter les remboursements plus rapidement ou automatiquement (par ex. pour des paiements susceptibles d’être contestés), tandis que d’autres peuvent vouloir traiter les remboursements plus lentement pour éviter des soldes négatifs. 
  • Réduire l’impact des contestations : en demandant aux marchands ou prestataires de services d’annuler la transaction et de rembourser de manière proactive les paiements susceptibles d’être contestés.
  • Soutenir la communauté : en créant des ressources et en partageant les bonnes pratiques pour aider les utilisateurs à surmonter cette période.
  • Avoir recours à un prêt : si leur trésorerie est déjà gravement impactée par la crise, les entreprises peuvent demander un Prêt Garanti par l’Etat (PGE) jusqu’au 31 décembre 2020, quel que soit leur statut ou leur taille.

Si les spécialistes prédisent une reprise d’activité en octobre, il est nécessaire que les plateformes se maintiennent à flot jusqu’au retour des clients. Dans un contexte de crise, la capacité de se prémunir contre les risques de crédit est un moyen essentiel pour éviter d’être à son tour pris dans une spirale négative.