Josy Soussan (EFA) "En rassemblant d'importantes fintech européennes, l'EFA permettra au secteur de se faire entendre à Bruxelles"

La European fintech association a été lancée en juin. Son vice-président détaille ses objectifs et évoque les gros chantiers réglementaires à venir.

JDN. Vous avez lancé en juin dernier l'EFA, l'association européenne de la fintech. Pourquoi maintenant ?

Josy Soussan, vice-président de l'EFA. © Josy Soussan

Josy Soussan. La Commission européenne a mené une consultation pour définir une nouvelle stratégie digitale des services financiers (du 3 avril au 26 juin 2020, ndlr). Nous avions donc besoin d'une association basée à Bruxelles qui rassemble d'importantes fintech européennes pour nous faire entendre d'une seule voix. Les sujets européens qui touchent les services financiers sont trop souvent discutés avec des acteurs traditionnels. Ces derniers mois de crise ont montré que les fintech ont réagi rapidement et ont apporté des solutions aux entreprises et consommateurs. Enfin, nous arrivons à un stade de professionnalisation des fintech européennes. Ce sont devenus des acteurs incontournables de la finance d'aujourd'hui. 

Quels sujets sont prioritaires pour vous ?

Nous voulons un marché unique de la fintech au niveau européen afin que les plateformes puissent proposer des services à tous les Européens et donc qu'elles n'aient pas besoin de lancer une nouvelle version de leur plateforme dans chaque pays. C'est aussi important que les consommateurs et entreprises clientes de fintech puissent être protégés par des règles uniformes. Ce marché unique permettrait également de proposer une offre plus concurrentielle par rapport à d'autres régions du monde. D'autres sujets  nous intéressent comme la discrimination sur l'iban, la promotion des initiatives d'open banking et d'open finance, la DSP2 ou encore l'unification des règles de blanchiment.

Vous comptez aujourd'hui une vingtaine de membres. Y-a-t-il des Français ?

"Il n'y a pas encore de fintech françaises membres de l'EFA"

Il n'y a pas encore de fintech françaises mais j'imagine que ça ne saurait tarder. Nous voulons de la diversité dans la taille et la nationalité de nos membres. C'est pourquoi nous avons des fintech d'Allemagne, d'Italie, des pays baltes ou encore de Scandinavie. Nous apportons aussi beaucoup d'importance à la diversité des services. Parmi nos membres, nous avons des néobanques, des robo-advisor, des plateformes de prêts, des entreprises de banking as a service… 

Wirecard, qui est en plein scandale financier, est-elle toujours membre de l'association ?

Wirecard faisait partie de la vingtaine de fintech qui a monté l'année dernière le projet EFA. Elle était aussi présente lors de notre lancement mais a demandé à se retirer de l'association depuis.

Pensez-vous que ce scandale va abîmer l'image des fintech européennes ?

Il ne faut pas voir cette affaire comme un reflet de l'industrie. Beaucoup de gens pensent que les fintech sont des entreprises qui existent depuis un ou deux ans, et qu'elles manquent de professionnalisme mais c'est faux. Aujourd'hui, certaines fintech rivalisent avec des acteurs traditionnels. Est-ce que les régulateurs vont revoir certaines réglementations suite à cette affaire ? Je ne sais pas.

Pensez-vous que votre association va pouvoir rivaliser avec les puissants lobbies bancaires, qui doivent se frotter les mains suite à cette affaire ?

Nous ne sommes pas dans l'idée d'être l'un contre l'autre. Nous voulons simplement faire partie de la discussion car jusqu'ici il était difficile d'avoir une place autour de la table. Il y a une réelle volonté de la Commission d'intégrer le point de vue des fintech pour réfléchir à la stratégie de transformation des services financiers. Je peux vous assurer que le lancement de l'association a été très bien reçu par toutes les parties prenantes.

Josy Soussan est vice-président de l'association européenne des fintech (EFA) depuis son lancement en juin 2020. Depuis avril 2018, il est directeur de la communication et des affaires publiques de Funding Circle  aux Pays-Bas, plateforme britannique de prêts aux TPE-PME. Entre 2013 et 2016, il gérait la communication de S&P Global Ratings (anciennement Standard & Poor's) pour la France, le Benelux et le Moyen-Orient.