Jean-Pierre Viboud (Oney) "Oney+ permettra au client de fractionner le paiement auprès de tous les commerçants"

Le directeur général de la banque en ligne française annonce une nouvelle offre de paiement fractionné via une nouvelle appli et une carte Visa.

Jean-Pierre Viboud, directeur général de Oney © Oney

JDN. Vous annoncez ce 30 juin une nouvelle offre de paiement fractionné, de quoi s'agit-il ?

Jean-Pierre Viboud. Aujourd'hui, pour qu'un client fasse du paiement fractionné sur un site Internet, il faut que ce dernier ait passé un accord avec nous ou un concurrent. Nous voulons redonner le pouvoir au client en proposant une application Oney+ assortie d'une carte Visa pour lui permettre, une fois qu'il a payé, de fractionner son règlement. Au lieu d'avoir un accord avec un commerçant qui propose le paiement fractionné, c'est le client qui choisit de fractionner ou non le paiement dans l'app, dès qu'il a payé. Donc avec Oney+ le paiement fractionné devient universel, en France, à l'étranger, que ce soit chez un artisan ou un commerçant.

Klarna, une autre entreprise de paiement fractionné qui vient de se lancer en France, propose aussi une application. Comment vous différenciez-vous ?

Il faut que le commerçant ait accepté Klarna, sinon ça ne marche pas. Je n'ai pas besoin que le commerçant ou l'artisan ait une collaboration avec le système Oney pour que ça fonctionne. Le commerçant va recevoir un règlement Visa classique, donc il n'est pas censé être au courant. Nous sommes les seuls à proposer ce système (la société britannique Curve expérimente actuellement un système similaire selon Techcrunch, ndlr).

Techniquement, comment ça marche ? Vous avez un accord spécial avec Visa ?

On a un partenariat avec Visa, mais nous sommes l'émetteur de la carte. Donc nous avons accès au compte du client, c'est nous qui prélevons le montant dessus. Il faut que le consommateur soit client chez Oney et qu'il ait téléchargé Oney+.

Puisque le commerçant n'est au courant de rien, c'est le client qui va payer. Avez-vous une offre commerciale à présenter ?

L'offre est double. Soit carte Visa classique "Oney+ Original", dont le prix est de 2,50 euros par mois sans engagement de durée. Soit une offre carte Visa Premier "Oney+ First" à 5,90 euros par mois pour avoir quelques avantages, notamment la protection assurance voyage, smartphone et ce genre de choses.

On ne facture pas le commerçant puisqu'il n'est pas au courant de notre système. Pour le paiement en trois fois, on facture le client 1,45% de son achat dans une limite de 15 euros. Pour le paiement en quatre fois, on facture 2,2% avec un maximum de 30 euros. Par exemple pour un frigo à 300 euros, vous allez payer 1,45€ par mois pendant trois mois. Ce sont des frais négligeables, très limités pour accéder facilement au service.

Avec cette nouvelle application, vous allez en profiter pour inclure d'autres services ?

Dans cette application, il y a un certain nombre de services, le client va pouvoir voir la situation de l'ensemble de ses comptes bancaires (grâce à l'open-banking, ndlr) et transférer les fonds d'un compte à l'autre. Il pourra aussi souscrire à toutes les offres proposées : les prêts et les assurances. L'application va devenir le pivot de notre relation avec les clients.

Va-t-elle également vous permettre de mieux évaluer la solvabilité de vos clients pour leur accorder un crédit ?

On utilise toutes les informations disponibles pour le client, mais c'est déjà ce qu'on fait aujourd'hui chez les commerçants qui nous font confiance. On n'a pas besoin d'approfondir la situation puisque les montants sont limités dans le temps et en euros. On appliquera la même chose. Avec Oney+, on aura plus d'informations sur le client pour limiter le risque de surendettement, donc c'est des informations supplémentaires. Le risque du paiement fractionné est très faible chez nous, on est inférieur à 1% de défaut.

Vous vous réjouissez de faciliter le paiement fractionné avec cette offre, mais aujourd'hui les régulateurs s'inquiètent des risques du surendettement avec les micro-crédits qui échappent aux règles sur le crédit à la consommation. Comment anticipez-vous un éventuel durcissement de la loi ?

C'est sous le feu des critiques en ce moment : vous recevez 200 ou 300 euros que vous devez rembourser rapidement avec des taux d'intérêt très élevés, au-delà de l'usure. Ça a fait réagir les associations de consommateurs et les régulateurs, car ça échappe à tout contrôle. Notre différence, c'est que ce paiement est associé à l'achat d'un bien, ça n'est pas pour rembourser autre chose. On est un établissement de crédit, donc on doit déjà respecté les règles liées au contrôle du surendettement, notamment avec le fichage des clients et le respect du taux d'usure.

D'ailleurs dans l'application, quand vous faites un paiement fractionné, le TAEG (coût total du crédit pour le consommateur, ndlr) apparaît pour voir si vous respectez le taux usure. On est extrêmement attentif à respecter la réglementation européenne. Les autres ne sont pas établissements de crédit, donc ils échappent à la régulation des autorités de tutelle. Pour avoir une activité comparable, il faut que les règles du jeu soient les mêmes pour tous. On veut que le marché soit assaini des pratiques qui ne sont pas forcément bonnes, notamment pour les consommateurs.

Après des études de comptabilité et d'audit financier à Paris Dauphine en 1986, Jean-Pierre Viboud devient auditeur de PriceWaterhouseCooper. Il intègre en 1995 le groupe français Kering en tant que directeur financier de La Redoute. C'est finalement chez Oney qu'il poursuit sa carrière en 2000, il est propulsé directeur général du groupe en juillet 2008.