Open Banking : les bonnes fondations pour des services financiers sur-mesure

L'open banking offre aux établissements traditionnels bancaires et financiers, ainsi qu'aux acteurs fintech émergents, les outils nécessaires pour créer une réelle expérience digitale personnalisée.

Les consommateurs d'aujourd'hui s'attendent à ce que les expériences digitales soient aussi rapides et faciles à effectuer sur un mobile que sur un ordinateur portable et cela s’applique aussi aux services financiers. Ils souhaitent une expérience similaire car les technologies utilisées dans leur vie quotidienne sont identiques. Les consommateurs attendent ainsi de leurs prestataires financiers le même degré d'intuitivité et de simplicité d’utilisation. Cependant, proposer un service financier intuitif et personnalisé avec un parcours utilisateur simple et facile, tout en garantissant un service sûr, présente un vrai défi.

La question de savoir si les prestataires de services financiers traditionnels sont en mesure de répondre à ces attentes est sujet à débat. Ces dernières années, une série de nouvelles banques "challenger" (les néobanques) ont attiré des dizaines de millions de clients en France et en Europe. Leur rapide succès démontre l'écart entre l’attente des consommateurs et les services jusqu’alors proposés. L'arrivée d'un nombre croissant d'entreprises fintech suggère que la concurrence ne va faire que se renforcer.

L'open banking offre aux établissements traditionnels et aux startups fintech les outils nécessaires pour répondre aux exigences des utilisateurs, atteindre de nouveaux segments et proposer de nouveaux services toujours plus innovants.

Les dynamiques de l'open banking en France

L'open banking est un phénomène mondial, mais les motivations diffèrent d'un marché à l'autre. Sur certains marchés, la réglementation est le moteur de l'open banking alors qu’ailleurs, ce sont les fournisseurs eux-mêmes qui montrent la voie. Ils forment alors des alliances mutuellement bénéfiques qui combinent les forces des établissements existants avec l'agilité et l'appétit pour l'innovation des startups.

La France est une combinaison de ces deux dynamiques. En tant que membre de l'UE, elle a mis en œuvre la directive sur les services de paiement (DSP2) qui a ouvert la voie à l'open banking. Effective en 2018, la DSP2 impose aux banques de rendre les données financières de leurs clients accessibles, si ces derniers souhaitent y accéder par le biais de fournisseurs de services alternatifs. Cette exigence cependant, comme son nom l'indique, ne concerne que les paiements.

Le Royaume-Uni est allé plus loin, en exigeant de ses neuf plus grandes banques qu'elles élaborent une norme bancaire ouverte concernant d'autres services bancaires, ce qui a servi de modèle pour d'autres marchés. Ainsi, le Royaume-Uni ayant accordé plus de 200 licences, est en tête en matière d’adoption de l’open banking, tandis que la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie suivent rapidement, mais avec un plus petit nombre de licences.

Au sein des établissements financiers traditionnels, tous ne sont pas convaincus des atouts de l'open banking. Le président de la Fédération bancaire française a émis des doutes sur sa viabilité et sur la capacité des nouveaux acteurs du marché à protéger les données des consommateurs. D'autres, en revanche, y voient une opportunité pour ces établissements historiques de revoir des modèles économiques dépassés et de se positionner au cœur de l'écosystème des services financiers digitaux - en tant que "super producteurs" dans la chaîne de valeur.

Les premiers pas vers la finance ouverte

L'open banking va poser les jalons de l'open finance, un monde de services financiers personnalisés et sur mesure, où les informations sont échangées entre applications et appareils pour optimiser l'expérience du consommateur. Pour les entreprises, cela ouvre les portes à l'innovation - les possibilités de développement de produits et services sont infinies. Quant aux consommateurs, partager leurs données offre l'opportunité d'accéder à plus de services, de mieux contrôler leurs finances et d'améliorer leur profil financier.  

Ce qui se passera ensuite dépendra de la créativité et du talent du secteur fintech qui prospère en France. Nous pouvons d'ores et déjà entrevoir de nombreuses innovations. Par exemple, on peut imaginer des plans d'assurance ultra-personnalisés reflétant plus fidèlement les modes de vie individuels, qui proposent notamment des primes réduites pour les sportifs. On peut aussi imaginer des services d'investissement et de gestion de patrimoine sur mesure proposant des recommandations sur le montant à épargner, le montant à investir et même l'endroit où investir, en se basant sur une approche globale du profil financier du consommateur, de sa situation personnelle, de ses buts et de ses objectifs à court terme.

Transformer les services bancaires aux entreprises

L'open banking a également le potentiel de transformer la gestion financière des entreprises. À l'heure actuelle, les entreprises et leurs comptables utilisent une multitude de systèmes bancaires à l'international et d'outils non intégrés, tels que des tableurs, des logiciels de comptabilité SaaS, des systèmes de gestion du temps et de collecte de notes de frais. Il y a beaucoup de traitement manuel des données et ainsi trop de marge pour l'erreur humaine et l'inexactitude. Grâce à l’open banking, on peut rassembler ces systèmes disparates pour les utilisateurs professionnels, ce qui permet de gagner du temps, de fournir des informations plus précises et, au final, d'améliorer la productivité et les performances de l'entreprise.  En utilisant l'open banking pour intégrer le traitement des factures, les approbations, les paiements sécurisés et le rapprochement des comptes, les entreprises peuvent également réduire leur exposition à la fraude. 

Pour les entreprises qui cherchent à financer leur expansion et leur croissance, une vue globale plus précise des comptes permet une décision plus rapide et mieux adaptée. Des processus moins onéreux et moins bureaucratiques permettront d'étendre les prêts à des publics d'entreprises jusqu’alors mal desservis, tels que ceux qui n'ont pas d'historique de crédit ou qui se trouvent dans des circonstances financières inhabituelles.

Avant même de toucher le grand public, c'est sans doute dans les services interentreprises que nous verrons l'open banking favoriser la croissance économique en améliorant la fidélisation et l'acquisition de clients, en augmentant les revenus, en facilitant l'expansion internationale et en proposant des produits et services plus personnalisés.

L’opportunité pour la France

Avec la vague d'innovation et d'investissement dans la fintech actuellement, il est clair que la France dispose ici d’un levier de croissance unique dans un secteur financier toujours plus digital. Les établissements traditionnels et les startups devraient adopter l'open banking pour anticiper les attentes des clients et utilisateurs, et créer de nouveaux modèles économiques et de nouvelles sources de revenus.