Les agences de notation, zones d'ombre de la finance mondiale Des problèmes structurels qui restent en suspens

le'comportement moutonnier' des marchés fait des agences des leaders d'opinion
Le"comportement moutonnier" des marchés fait des agences des leaders d'opinion par défaut. © Corgarashu - Fotolia.com

Si beaucoup a déjà été fait, nombreux sont donc les aspects des agences de notation qui posent encore question. Outre le fait que le rôle premier des agences a été dévoyé, l'un des principaux problèmes est le système actuel de l'émetteur-payeur. Les entreprises rémunèrent les agences pour que ces dernières étudient leur solvabilité. "Il en va de même pour les Etats", complète Norbert Gaillard. Ce principe, on le voit, peut jeter le doute sur l'objectivité des notes : si un élève paie son professeur pour que sa dissertation soit corrigée, comment être certain que la note ne dépendra pas de la rémunération ? "En cloisonnant les deux principaux pôles des agences, ce qu'elles font toutes", explique Carol Sirou. "Les versements sont à la charge de l'équipe commerciale ; l'équipe d'analyse en ignore le montant. En outre, les salaires de cette dernière ne dépendent pas du coût des commandes qu'elle prend en charge." Reste que l'entreprise, dans le cas de la notation corporate, est maître du moment de sa notation, et pourra donc infléchir celle-ci en fonction de ses besoins du moment.

Les agences jouent un rôle d'accélérateur des marchés.

Par ailleurs, si Carol Sirou réfute l'accusation d'agences qui "caricatureraient" le marché (surévaluant les notes en période faste, sous-évaluant en période trouble) par des exemples très précis, elle reconnaît le "caractère accélérateur" des agences de notation. "Concernant la perspective négative sur la note de la dette américaine par exemple, de nombreux facteurs la justifient : la croissance défaillante, la difficulté de réformer...". Les agences ne caricaturent pas le marché, c'est plutôt le marché qui, par son "comportement moutonnier par bien des aspects", fait de Moody's, Fitch ou Standard & Poor's des leaders d'opinion par défaut. Un point de vue somme toute assez logique et parfaitement défendable, mais qui reflète cependant une situation préoccupante.