Crise : rien n'a changé Goldman Sachs toujours aux commandes

jean-claude trichet et son successeur à la tête de la bce, mario draghi.
Jean-Claude Trichet et son successeur à la tête de la BCE, Mario Draghi. © Union européenne, 2011

Est-il logique de confier les rênes d'une institution européenne en première ligne dans la crise de la dette à un homme dont l'ancien employeur est soupçonné d'avoir aidé à maquiller les comptes de la Grèce ? Pour les membres de l'Eurogroupe, la réponse est oui. Le 16 mai 2011, ils ont désigné comme successeur de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE l'italien Mario Draghi.

De 2002 à 2005, ce dernier fut vice-président de la branche européenne de Goldman Sachs. Son job ? La gestion des dettes souveraines et la vente des services de la banque aux Etats. Et c'est au début des années 2000 que l'établissement américain aurait justement permis à la Grèce de camoufler l'ampleur de sa dette en jouant sur les taux de change. Bien sûr, Mario Draghi nie toute implication et même toute connaissance des faits. Et peut-être cela est-il vrai. N'empêche.

Vu la tendance de Goldman Sachs à jouer sur tous les tableaux (conseils aux Etats d'un côté, spéculation sur les dettes souveraines de l'autre, le tout enrobé d'un intense lobbying), on se demande quel est l'intérêt de nommer de nouveau un homme biberonné à la culture maison à un poste aussi décisif. Car c'est une habitude de la banque de voir ses collaborateurs occuper les plus hautes fonctions des instances financières et de régulation. Aux Etats-Unis, l'ancien secrétaire d'Etat au Trésor de George W. Bush, celui-là même qui conçut le sauvetage des banques en 2008, en avait été le PDG. Et Goldman Sachs avait été autorisée à changer de statut pour profiter du plan d'aide. Sa concurrente Lehman Brothers n'avait pas bénéficié du même soutien.