Kevin Cardona (BNP Paribas real estate) "Plusieurs bâtiments intelligents seront livrés en 2018, dont deux en région"

Le directeur de l'innovation de BNP Paribas real estate présente la stratégie IoT du promoteur, qui travaille avec Apple, Legrand et Netatmo pour construire son offre de logements connectés.

JDN. La filiale immobilière de BNP Paribas prévoit-elle de livrer des buildings connectés en 2018 ?

Kevin Cardona, directeur de l'innovation de BNP Paribas real estate © BNP Paribas real estate

Kevin Cardona. Oui. Nous avons inauguré au mois d'octobre notre premier immeuble d'habitation connecté pilotable par la voix à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine, ndlr). Ce bâtiment contient 60 logements. Plusieurs autres chantiers de bâtiments équipés d'appareils intelligents devraient être achevés en 2018, dont deux en région.

Concrètement, de quels objets connectés sont équipés ces habitations et en quoi changeront-ils la vie de leurs occupants ?

Ces logements sont notamment équipés des interrupteurs et des prises connectées de la collection Celiane, de Legrand. Les habitants sont informés directement sur leur téléphone lorsqu'ils ont oublié d'éteindre une lumière ou lorsque leurs prises ne fonctionnent plus et que leur congélateur tombe en panne par exemple. Ils sont également dotés d'un thermostat connecté de Netatmo, qui permet à ses utilisateurs de réaliser 37% d'économies sur sa facture d'électricité en un an. Tous ces appareils peuvent être pilotés à distance par la voix via le système de commande vocale d'Apple Siri, disponible sur iPhone, mais aussi sur l'application iOS Homekit.

Combien coûtent ces équipements ?

Cela dépend du nombre de prises et d'interrupteurs que totalise l'habitation. Pour un T3, les tarifs vont de 1 000 à 1 500 euros, qui sont intégrés au prix d'acquisition ou de location du logement. Un kit domotique traditionnel d'entrée de gamme est selon nos études de marché plus cher, autour de 3 000 euros.

Vous ne laissez pas aux habitants le choix des équipements domotiques qu'ils souhaitent utiliser. Pourquoi ?

C'est le contraire ! Nous sommes en train de construire une série de partenariats avec des fabricants IoT, ce qui prend un peu de temps, mais nous communiquons avec les principales entreprises du secteur dans le monde. Nous souhaitons que les occupants de nos immeubles puissent très rapidement choisir les objets connectés et les apps qui leur conviennent le mieux. Nous travaillons pour l'instant avec Legrand, Netatmo, mais aussi tous les membres du Hub Numérique de La Poste. 

Mais pour l'instant, seuls les propriétaires d'iPhone peuvent piloter vocalement ces apps. Cela va-t-il évoluer ?

"Nous avons décidé de faire communiquer ces appareils IoT à travers un système de clouds interopérables"

Nous travaillons en ce moment avec Samsung pour rendre tout cet écosystème compatible avec les smartphone de la marque, mais également avec Amazon car nous voulons que ce système IoT communique avec son assistant intelligent Alexa lorsqu'il sera disponible en France.

Comment allez-vous faire en sorte que ces solutions fabriquées par des entreprises différentes, qui ne communiquent pas forcément via le même réseau IoT, fonctionnent ensemble ?

Pour le consommateur, il est essentiel que les apps communiquent les unes avec les autres de façon fluide, sans que cela soit pour lui un casse-tête chinois. Ce n'est pas le problème du client final de savoir qui opère quel service, il souhaite simplement que ses applis IoT fonctionnent en un clin d'œil. Il est vrai que tous les objets connectés ne parlent pas la même langue. Nous avons décidé de ne pas sélectionner une catégorie d'appareils capables de se comprendre parce qu'ils parlent tous en LoRa ou en Zigbee. Et de faire communiquer ces appareils à travers un système de clouds interopérables. Je m'explique : une donnée collectée sur le terrain par un interrupteur Legrand remonte dans le cloud de l'entreprise. Ce cloud ouvre ses API aux cloud de sociétés tierces, dès lors qu'elles font partie d'un écosystème de confiance. Si tous les interrupteurs d'une maison sont éteints le matin à 8 heures, car le propriétaire du logement est parti, un signal pourra par exemple être envoyé au thermostat connecté de la maison pour qu'il baisse la température.

Comptez-vous développer des applications mobiles liées à des services IoT ou des objets connectés directement en interne ?

Non, ce n'est pas dans notre ADN de promoteur immobilier. Nous sommes chargés d'orchestrer la construction d'un bâtiment réceptacle de services IoT, développé avec des partenaires technologiques auxquels nos clients peuvent faire confiance.

Combien de personnes travaillent chez BNP Paribas real estate sur ce programme IoT dans le bâtiment ?

Je dirige une équipe de huit personnes à la direction de l'innovation, mais nous travaillons de façon conjointe avec nos partenaires, notamment Legrand et Netatmo. En tout, nous avons pour l'instant monté ce projet avec 30 à 40 personnes en fonction des périodes.