Immobilier de luxe : la reprise se profile

Immobilier de luxe : la reprise se profile Rebond des transactions, baisse des prix, stabilité des performances financières... L'horizon s'éclaircit pour les professionnels de l'immobilier haut-de-gamme.

Après la pluie, le beau temps. L'activité des agences spécialisées dans l'immobilier haut de gamme augmentera, modestement certes, mais augmentera en 2014 (+2,5%), d'après l'étude "L'immobilier de luxe" publiée par notre partenaire Xerfi-Precepta. Voilà qui contraste avec la morosité des exercices 2012 et 2013. En 2015, la reprise d'activité s'annonce plus franche (+5%).

baromètre d'activité des agences immobilières spécialisées dans le haut de gamme
Graphique tiré de l'étude "L'immobilier de luxe" de Xerfi-Precepta. © Xerfi

Le regain de dynamisme anticipé par Xerfi est palpable depuis janvier 2014 : Sotheby's International Realty France - Monaco, l'un des poids lourds du secteur de l'immobilier de prestige, avec une cinquantaine d'agences dans l'Hexagone, a annoncé un volume de ventes en hausse de 33% sur un an au premier trimestre 2014, à 133 millions d'euros. A quoi attribuer cette progression d'activité dans l'immobilier haut de gamme ?

Les vendeurs de biens de prestige ont fini par prendre acte de la hausse des stocks de logements de luxe à la vente

D'abord au recul des prix amorcé fin 2013 et déjà "confirmé au premier trimestre 2014". C'est que les vendeurs de biens immobiliers de prestige en France ont fini par prendre acte de l'augmentation du stock de logements de luxe à la vente – provoquée par le mouvement d'exil des riches familles françaises et la méfiance des grandes fortunes étrangères à l'égard de la politique économique et fiscale du gouvernement – et par revoir à la baisse leurs exigences en termes de prix. "Et des baisses sont encore à attendre en 2014 par rapport aux prétentions initiales", avance le cabinet d'analyse.

La fin de la hausse des prélèvements et les mesures prises en faveur des entreprises devraient également, d'après les auteurs de l'étude, rassurer les ménages à revenus élevés et permettre "aux avocats et gestionnaires de patrimoine de proposer des solutions d'optimisation fiscale susceptibles de faire revenir les acheteurs". Et donc de redynamiser le marché.

Le taux d'EBE des agences spécialisées devrait légèrement augmenter en 2015

Autre facteur de nature à alimenter un rebond des transactions, l'attractivité de la France, et notamment de Paris, par rapport à des marchés géographiquement proches, comme Londres où les prix de l'immobilier de luxe ont grimpé de 7,5% en 2013, d'après Knight Frank.

Du côté des performances financières des agences, "la tendance sera à une relative stabilité, prévoit Xerfi, compte tenu de la reprise de l'activité et de la prudence dont feront preuve les opérateurs. Ils modéreront le plus possible la hausse de leurs charges d'exploitation, ce qui se traduira par une légère hausse du taux d'EBE d'ici 2015". Ce dernier devrait progresser de 0,3 point sur un an, à 5,9% en 2015.

 

De nouveaux relais de croissance

Si aujourd'hui le ciel s'éclaircit pour les réseaux spécialisés dans l'immobilier haut de gamme, c'est aussi parce qu'ils se sont donné les moyens de dissiper les nuages amoncelés depuis 2012. 

Plusieurs réseaux se sont lancés dans la commercialisation de programmes neufs

Ils ont cherché à diversifier leurs sources de revenus en se tournant notamment vers la vente de logements neufs d'exception. Et contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, leurs prix peuvent égaler voire même dépasser le prix des biens les plus prestigieux dans l'ancien. A titre d'exemples, les réseaux Daniel Féau et Knight Frank ont lancé en mai 2013 la commercialisation de la Villa Grenelle, un programme neuf situé dans le très huppé 7e arrondissement de la capitale pour des prix au mètre carré proches de 24 000 euros, rapporte Xerfi. Barnes, leur concurrent, intervient quant à lui dans la commercialisation d'un programme neuf à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, depuis novembre dernier.

Autre positionnement stratégique, celui sur les biens atypiques, comme les vignobles, très recherchés par la riche clientèle asiatique notamment. En août 2012, John Taylor, autre mastodonte de l'immobilier de prestige, a lancé un service spécialisé dans les transactions de domaines viticoles.

Les locations saisonnières peuvent également représenter une source de revenus complémentaires. Le Collectionist, une start-up française lancée en avril 2013, l'a bien compris et met en relation les propriétaires de biens luxueux et les locataires. La jeune pousse propose aussi à ces derniers un service de conciergerie dès leur installation.

Source

L'étude "L'immobilier de luxe" est publiée par Xerfi, éditeur indépendant d'études économiques sectorielles.