Guillaume Nusse (PDG de Clairefontaine) "Nous ne sommes pas responsables de la hausse des prix"

Selon Familles de France, le prix de la papeterie scolaire a augmenté de 11,6% en cette rentrée 2011. Le patron de Clairefontaine-Rhodia s'en explique.

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Guillaume Nusse. © Clairefontaine

Êtes-vous responsable de la hausse du prix des fournitures constatée lors de la rentrée ?

Non, clairement non ! Nous avons très peu augmenté nos prix cette année, globalement 5%, mais moins sur certains articles en promotion. Ce n'est pas non plus directement la hausse du prix de la pâte à papier qui est à l'origine de la hausse globale du prix des fournitures. Même s'il est vrai que les prix de la pâte à papier et du polypropylène ont fortement augmenté depuis un an (respectivement de 100 et 70%, ndlr). Le prix de la pâte à papier n'entre par exemple qu'à hauteur de 30% dans le prix du produit final dans la distribution pour un cahier Clairefontaine vendu en promotion. Pour expliquer la forte hausse constatée par Familles de France du poste Papeterie en hypermarchés (20%), il faut à priori considérer que certains distributeurs sont revenus cette année vers des fabricants européens pour s'approvisionner plutôt que d'en choisir d'autres en provenance d'Extrême Orient par exemple.

Allez-vous passer des augmentations dans les prochains mois ?

Pas avant le fin de l'année en tout cas, mais certainement sur certains produits en 2012. Le prix des matières ne dicte pas uniquement notre politique de prix. Il y a un marché, nous avons des concurrents, même si je rêverais de passer une hausse de 15%, sur les cahiers je ne pourrais pas, car nous devons être les meilleurs fournisseurs possibles et gagner des marchés. 

"Pour expliquer la hausse, il faut à priori considérer que certains distributeurs sont revenus vers des fabricants européens pour s'approvisionner."

Est-ce qu'une hausse des prix contracte les ventes dans votre secteur ?

Non, la hausse des prix ne contracte pas a priori les ventes dans notre secteur. On n'a jamais vendu autant de cahiers avec une couverture polypropylène qui coute pourtant plus cher que le carton. C'est la mode et tous les enseignants en veulent. Même les licences, plus chères, se vendent comme des petits pains. Pour la rentrée, les parents perçoivent la liste des fournitures comme une prescription médicale. Les ménages ne sont pas guidés que par les hausses de prix. Ils cherchent les bonnes affaires et le bon matériel pour leurs enfants. C'est tout de même important l'éducation non ?

Faut-il bloquer le prix des fournitures, comme le propose Ségolène Royal ?

Bloquer les prix des fournitures, c'est ridicule. Tout comme baisser la TVA sur ce genre de produits. Cela enlèverait à peine 15 centimes sur le prix d'un cahier à 1 euro. La papeterie scolaire n'est pas de bonne foi un poste de dépense problématique pour les ménages si l'on considère toute l'année. Le seul problème, et c'est pour cela que l'on se focalise dessus, c'est que c'est une dépense contrainte, à faire en plus en rentrant de vacances. Personne ne se plaint du prix des loisirs pour les jeunes, pourtant bien plus élevés et plus important dans le budget des ménages.

Les allocations de rentrée scolaire ne sont-elles pas une subvention pour votre activité ?

Non, en tout cas ce n'est pas lié directement. Dans le secteur de la papeterie, aucune marque ne dispose de rente de situation. La concurrence est féroce entre nous. Même sans allocation de rentrée scolaire, les parents devraient acheter des fournitures. Et je vous rappelle que le prix de la papeterie pure représente moins de 20% des dépenses en produit de la rentrée d'après Familles de France. A cela, il faut en plus ajouter toutes les inscriptions extra scolaires, les assurances, cotisations obligatoires....

Est-ce que la conjoncture économique déprimée de cette rentrée menace votre activité ?

Non, les entreprises de fournitures comme la nôtre ne pâtissent pas tant de la conjoncture économique. Pour les particuliers, c'est une dépense en partie obligatoire, on ne va pas aller à l'école sans cahiers ! Et pour les entreprises, si elles rognent sur les fournitures de remplacement, comme les chaises ou les bureaux, elles ont plus de mal à imposer aux salariés des réductions sur la petite fourniture, notre métier. On voit mal une entreprise refuser un stylo à bille ou une ramette de papier.