Sept Français qui ont créé leur entreprise au Brésil Emmanuel Guinet conseille des sites de e-commerce

A 34 ans, Emmanuel Guinet est déjà à la tête d'une entreprise de 150 personnes et qui connaît une croissance "de 300% par an". Sa société, Infracommerce, offre un "package" de services à des sites e-commerce brésiliens : moyens de paiements, service clients, équipes web, page Facebook... "On mutualise les coûts pour les clients, ce qui leur permet de faire des économies".

emmanuel guinet a créé infracommerce en 2012.
Emmanuel Guinet a créé Infracommerce en 2012. © Emmanuel Guinet

Le jeune Français a débarqué au Brésil en septembre 2007. Un pays qui ne lui était pas totalement inconnu puisqu'il y avait passé sept ans dans son enfance. "Le fait de parler portugais m'a beaucoup aidé", avoue-t-il. D'abord employé par le cabinet de conseil Roland Berger à Sao Paulo, il crée en 2009 une première entreprise de vente d'automobiles d'occasion issues de flottes d'entreprises ou de loueurs. "Mais en partant de zéro, il est très difficile de trouver des clients", reconnaît-il. La société végète et est revendue quelques mois plus tard.

L'expérience lui a servi de leçon : lorsqu'en 2012 il lance avec un associé Infracommerce, il fusionne différentes entreprises de services avec chacune un portefeuille de clients déjà bien garni. Parmi ses clients actuels, "un grand distributeur français", une enseigne de sport connue, New Balance ou Ray-Ban. "Des clients solides qui nous apportent une source de revenus garantis", se réjouit Emmanuel Guinet qui vise 145 millions de chiffre d'affaires d'ici quatre ans.

Tout n'est pas pourtant rose au pays de la samba. Il y a d'abord les spécificités locales du e-commerce : "le taux de conversion des achats en ligne est bien plus faible qu'en Europe", déplore le chef d'entreprise. Sans compter les coûts d'acquisition (liens sponsorisés par exemple) qui explosent.

"Deux chemises parfaitement identiques peuvent être taxées à 0% ou 25%"

Mais surtout, il y a la bureaucratie et la fiscalité. "Une fiscalité ubuesque. Il y a des milliers d'impôts locaux, nationaux, municipaux..., un véritable maquis. Deux chemises parfaitement identiques peuvent être taxées à 0% ou 25% selon l'endroit d'émission de la facture ou la classification du produit. Le système est tellement complexe que lorsqu'on demande une simulation fiscale à plusieurs experts comptables, on obtient des estimations radicalement différentes", s'étonne encore le Français.

 Il y a aussi le manque criant d'infrastructures. "Les routes, les aéroports, l'électricité... Tout est saturé". D'où des problèmes de logistique qui nuisent au bon déroulement des affaires. Les liaisons Internet accusent également le coup : "Même à Sao Paulo, je n'ai la 3G que la moitié du temps", soupire-t-il.  Malgré tout, Emmanuel Guinet reste optimiste. Infracommerce ne devrait pas tarder à s'internationaliser d'abord dans le reste de l'Amérique latine, puis en Europe. L'occasion pour le Français de retrouver son pays natal ?