Rouen adopte l'achat par SMS du titre de transport, une première en France

Rouen adopte l'achat par SMS du titre de transport, une première en France La start-up parisienne Atsukè lance sa technologie de paiement mobile dans l'Hexagone après avoir convaincu la Suisse. La préfecture normande doit lui permettre d'achever de convaincre d'autres villes françaises.

15%. C'est la part de billets "1 voyage" vendus par SMS que veut atteindre la Métropole Rouen Normandie d'ici 2018 sur son réseau de transport en commun Astuce, géré par Transdev. "Cela représente plus de 400 000 titres sur les 3 millions écoulés chaque année", prévoit Damien Bousson, PDG d'Atsukè, la jeune pousse parisienne derrière la technologie. A l'origine de ce lancement : la loi pour une République numérique, qui autorise désormais ce genre de transaction.

Rouen veut vendre plus de 400 000 titres par SMS par an d'ici 2018

Vendu au même tarif qu'un ticket papier classique, à savoir 1,60 euro, chaque titre est valable une heure sur tout le réseau. Concrètement, il suffit d'envoyer le code "V1" au numéro "93000" : l'usager reçoit alors un identifiant unique composé de chiffres que les contrôleurs scanneront avec une app mobile dédiée pour vérifier son authenticité. L'ordre de paiement est directement envoyé sur la facture mensuelle de l'opérateur téléphonique de l'utilisateur. Le système est pour l'instant incompatible avec les opérateurs étrangers.

L'utilisateur envoie un code à un numéro donné et reçoit une combinaison de chiffres unique qui authentifie son billet. © Atsukè

Pour favoriser l'adoption de ce nouveau système, Atsukè déconseille à ses clients d'appliquer un surcoût sur ces tickets nouvelle génération : "Certes, 12% du prix partent chez l'opérateur, mais cela permet des économies considérables. Quand un seul distributeur automatique de billets coûte 50 000 euros et nécessite plusieurs milliers d'euros de maintenance par an, notre solution est facturée entre 20 000 et 40 000 euros pour le paramétrage de la plateforme et ensuite seul un abonnement SaaS de quelques milliers d'euros est à prévoir", affirme Damien Bousson. Une autre dépense est cependant à prévoir selon lui : "C'est très simple d'utilisation mais cela nécessite un effort considérable de communication pour que cela entre dans les mœurs."

Ce spécialiste français des solutions transactionnelles mobiles promet par ailleurs un retour sur investissement quasi-immédiat : "Cela diminue la vente à bord, il y a donc moins de monnaie en circulation et les chauffeurs auront de moins en moins à s'en occuper, cela augmente la vitesse commerciale", observe-t-il. L'entrepreneur garantit également une baisse importante de la fraude : "Il n'y a plus l'excuse de la machine en panne ou inexistante et cela facilite la tâche aux clients qui n'ont pas de monnaie sur eux pour acheter leur titre de transport ou qui n'ont pas envie de faire la queue aux machines", explique-t-il.

Des avantages observés en Suisse, premier pays où Atsukè déploie sa solution depuis deux ans. Les transports en commun de Genève, Lausanne et Zurich ont opté pour le paiement par SMS et leurs utilisateurs l'auraient déjà largement adopté à en croire le PDG de l'entreprise : "A Genève, cela représentait déjà 8% du volume acheté deux semaines seulement après l'inauguration et aujourd'hui, dans ces trois villes, près d'un tiers des utilisateurs l'utilisent. Là-bas, 50% des clients ont recours au ticket par SMS plus de quatre fois par mois."

"Il y aura au moins une dizaine d'autres contrats en France en 2017 et nous nous préparons à une expansion partout en Europe"

La quarantaine de salariés dispatchée à Paris, Dijon, Lausanne et Zurich travaille actuellement sur des versions qui permettraient de régler un abonnement sur mobile. Un QR code unique à scanner permettrait, par exemple, de passer les tourniquets. "Nous travaillons aussi sur le NFC et le sans contact ainsi que sur des chatbots qui seraient capables de procéder au paiement et de générer le ticket sur des plateformes comme Facebook Messenger, par exemple. Le paiement par SMS est la première brique vers le transfert total de la billettique sur le mobile", affirme Damien Bousson.

En attendant, Atsukè affirme qu'une dizaine de villes et d'agglomérations françaises très intéressées attendent les premiers résultats du premier projet français pour se décider à franchir le pas. Du côté du PDG de l'entreprise, pas de doute, le succès sera au rendez-vous : "Si cela marche aussi bien qu'en Suisse, cela va s'accélérer très rapidement. Il y aura au moins une dizaine d'autres contrats en France en 2017 et nous nous préparons activement à une expansion partout en Europe."