Caméras thermiques, lasers, capteurs... Aéroports de Paris traque le coronavirus

Caméras thermiques, lasers, capteurs... Aéroports de Paris traque le coronavirus Le groupe ADP expérimente de nouvelles manières de repérer de potentiels cas de Covid-19 et d'assurer la distanciation sociale.

A cause de la pandémie de coronavirus, les aéroports de Paris se sont vidés. Au mois d'août, le trafic y est en baisse de près de 70% par rapport à août 2019. En attendant un retour à la normale qui pourrait prendre plusieurs années, le groupe ADP a profité de ce vide pour expérimenter et déployer des technologies qui doivent permettre de détecter plus de cas potentiels, éviter la propagation du virus et contrôler le respect des distanciations sociales.  

A l'atterrissage dans les aéroports de Paris, mais aussi tous les autres exploités par le Groupe ADP dans le monde, des caméras thermiques ont été installées devant les sas de sortie.  Un opérateur posté devant le sas d'arrivée observe un écran lui présentant un retour des images filmées (mais pas enregistrées) par la caméra thermique. "Si un passager a une température supérieure à 38 degrés, un carré rouge s'allume sur l'écran. Nous confirmons alors l'information avec un test de température physique", explique le directeur général exécutif du groupe ADP, Edward Arkwright. Si le test de température dépasse lui-aussi les 38, la personne peut être orientée vers le service médical de l'aéroport si elle l'accepte. 

Thermomètres vidéo

Face à la multiplication de l'utilisation de caméras thermiques, la Cnil avait publié un avis le 17 juin mettant en garde contre leur utilisation. L'autorité de protection de la vie privée observait notamment "qu'une grande partie de ces dispositifs ne respecte pas le cadre légal applicable à la protection des données personnelles", en l'absence de consentement des personnes au relevé de leur température, considérée comme une donnée personnelle de santé. Par ailleurs, cette technologie ne permet pas de repérer les personnes asymptomatiques, ni les malades ayant pris des médicaments permettant de faire redescendre leur température.

ADP reconnaît l'absence de consentement mais assure avoir obtenu une autorisation spéciale de la Cnil, qui l'a accompagnée dans la mise en place du dispositif, et rappelle que des panneaux préviennent les voyageurs avant leur entrée dans la zone comportant des caméras thermiques. "La Cnil a souhaité que soient respectés deux prérequis : le floutage des personnes, ainsi que le fait que la température ne s'affiche pas sur les écrans, y préférant un code couleur rouge ou vert", détaille Edward Arkwright. Il refuse de communiquer des chiffres sur le nombre de cas covid repérés grâce à ce dispositif, ni sur le nombre de personnes détectées avec des températures supérieures à 38 degrés. "Nous avons un nombre de personnes au-delà de 38 faible et un nombre de personnes positives au coronavirus infinitésimal", se contente-t-il de préciser. 

Pour compléter le dispositif, ADP teste également les caméras laser d'Outsight, qui lui permettent d'évaluer les distances entre les personnes, donc de repérer des attroupements. ADP pouvait déjà le faire via de l'analyse vidéo automatisée, mais espère que la technologie d'Outsight fournira les mêmes résultats pour moins cher.  

Ne plus rien toucher

Outre ces caméras, le groupe ADP a sélectionné plusieurs innovations qui seront déployées prochainement. Début octobre, la technologie de désinfection de l'américain Caspr, utilisée dans des laboratoires, doit être expérimentée sur le terminal 2E de l'Aéroport Charles de Gaulle ainsi que dans un PC bagages. Caspr diffuse en continu un désinfectant au peroxyde d'hydrogène dans l'air. Pour estimer son efficacité, ADP équipera les mêmes zones avec les capteurs du français Rubyx, qui relève le taux de micro particules, le degré de filtration ainsi que le cycle de renouvellement de l'air. "La qualité de l'air est une donnée très importante pour éviter la propagation du virus dans un milieu fermé", ajoute Edward Arkwright, qui souhaite que ces capteurs, une fois déployés partout, aident les équipes de nettoyage à prioriser leurs interventions. 

A plus long terme, ADP va travailler avec la start-up française de commande vocale Vivoca sur un dispositif qui doit éviter aux passagers de toucher des boutons ou des écrans durant leur trajet. Il faudra pour cela s'accorder avec les fabricants d'ascenseurs ainsi que les entreprises concevant les bornes des compagnies aériennes. ADP espère pouvoir réaliser de premiers tests début 2021.